Bob

Oui, je sais, il y a une ressemblance avec le prénom de naissance du pape.

Peut-être vous souviendrez-vous d’un article que j’avais posté ici il y a longtemps sur Bob.

Bob était un baobab du Sénégal, un petit arbre en pot qui devait faire à peine plus de 30cm de hauteur. Il avait été offert à ma mère qui me l’avait ensuite donné.

Il faut imaginer un codex sortant de terre (une partie du tronc un peu renflée où l’eau est stockée) puis un tronc assez fin puis des feuilles vertes. Les feuilles étaient ovales et pointues. Apparement il y a le baobab et le baobab chacal. Le baobab chacal est un faux-baobab. Il se distingue du baobab par ses feuilles. Je n’ai jamais compris si Bob était un chacal ou pas mais je l’aimais pareil.

De novembre à mai il ne fallait pas l’arroser. Les mois suivants il fallait l’arroser mais pas beaucoup. Bob aimait la lumière. C’était un dur à cuire car dans les débuts je n’avais respecté ni ses besoins en arrosage ni ceux en luminosité et il s’était contenté de perdre quelques feuilles.

J’avais mis mon DSM4 en haut d’une bibliothèque. Le DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) est une espèce de gros dictionnaire de la psychiatrie, c’est la Bible des psychologues cliniciens. À côté de cette bibliothèque il y avait un tabouret avec mon baobab posé dessus. Un jour en faisant la poussière de la bibliothèque j’ai fait tomber mon DSM4 et Bob l’a pris dans la tronche. Sous le choc quelques feuilles ont été arrachées mais il a tenu bon quand même.

Quand c’était la canicule j’aimais bien poser Bob sur le rebord de la fenêtre. Tandis que tout le monde (y compris moi) fuyait la chaleur, lui affrontait vaillamment le soleil.

J’aimais beaucoup Bob.

Durant le printemps 2022 je suis partie quelques jours en vacances. J’avais donné à boire à Bob avant de partir mais n’avais pas vidé l’eau du pot après (en général je faisais ça: j’arrosais puis quelques heures après je retirais l‘eau que la plante n’avait pas bu et qui était tombée dans le fond du pot). J’avais dit à la personne restée à l’appartement (pour s’occuper de Stella et faire office de présence humaine) de vider l’eau de Bob. Car si on donne trop d’eau la plante se noie. Bref, j‘avais dû réitérer ma demande deux ou trois fois car j’avais senti que le message n’était pas passé. En rentrant de vacances j’ai découvert que l’eau de Bob n’avait pas été vidée. Bon ben je n’étais pas contente, hein. La personne à qui j’avais demandé de vider l’eau du pot m’a répondu:

– Mais j’ai autre chose à foutre que de m’occuper de tes plantes de merde!

Bob en est mort de chagrin (non ptdr, il est mort de noyade dans l’eau de l’arrosage pas vidée).

C’est ainsi que mon bien-aimé Bob trépassa. Sa perte est une tragédie inouïe dans ma vie. Non, pour de vrai, même si les deux phrases précédentes se la jouent mélodramatiques et que c’est un peu ridicule, j’étais assez attachée à ce petit arbre et je regrette qu’il soit mort aussi bêtement.

(À l’occasion je vous ferais un billet sur mes plantes d’intérieur.)