J‘étais en pleine discussion avec ma mère quant au fait de « relativiser » sa vie face au handicap des autres. Je lui expliquais que je n’appréciais pas du tout que les gens me disent qu’en me voyant ils réalisaient qu’ils n’avaient pas à se plaindre. Si vous pensez que je m’empêche de râler quand la putain de pince à salade vient bloquer le tiroir à couverts de merde, tout ça parce qu’il y a bien plus grave dans la vie (par exemple, être moi-même), alors vous vous fourrez le doigt dans l’oeil jusqu’au coude.
« Je ne peux empêcher personne de raisonner comme ça, par contre je ne supporte pas qu’on me le dise. Tiens par exemple, un jour y a un inconnu qui m’a dit: « Ta vie est une épreuve, si je peux me permettre ». Et bien non monsieur, ne te permet pas, tu ne me connais pas et ce n’est pas à toi de juger si oui ou non ma vie est une épreuve! » j’ai dit, remontée comme une pendule à coucou.
Sitôt dit j’ai eu envie de me moucher et j’ai tourné les talons pour aller prendre un mouchoir dans ma chambre; le menton relevé et la tête haute, la démarche d’une reine comme si je venais de rabaisser le caquet de ce type pour de vrai.
Cette sortie du salon post-clash aurait pu être parfaite si je ne m’étais alors pas pris les jambes dans une chaise en chemin.
Alors bon. Non ma vie n’est pas une épreuve mais je dois bien admettre que je suis souvent confrontée à des obstacles, au sens propre comme au figuré.