Le cauchemar des livreurs

J‘attendais ma livraison de courses La fourche jeudi dernier, j’avais choisi le créneau 17h-19h histoire d’avoir la possibilité de faire une sieste dans l’après-midi sans craindre de ne pas entendre la sonnette. De manière générale même si je l’entends grâce à l’implant cochléaire je suis stressée de ne pas l’entendre et de rater ma livraison.

Il devait être 14h quand, ce jour-là, la sonnette a retenti. Étrange que le livreur soit autant en avance. J’ai décroché mais n’ai rien compris de ce que baragouinait la personne donc j’ai dit « Je suis sourde, je descends, je descends! ». J’ai voulu mettre mes chaussures mais j’avais mis mes chaussettes de ski par-dessus mes chaussettes, parce que c’est la fin de l’abondance et le sol est entièrement carrelé chez moi, le pied ne passait pas la Doc Martens, en temps normal je mets soit mes chaussettes de ski soit mes chaussettes mais visiblement les 2 ensemble ça n’est pas possible, j’ai donc retiré la chaussette de ski du pied gauche mais ma chaussette s’est retirée avec, j’ai pesté et j’ai récupéré la chaussette en boule dans le fond de la chaussette de ski, j’espère que vous suivez, j’ai enfilé ma chaussette puis ma chaussure gauche, je me suis attaquée au pied droit en prenant bien le temps de retenir ma chaussette au moment d’enlever ma chaussette de ski, c’était un peu long, ensuite j’ai mis ma chaussure droite, j’ai fait mes lacets et je me suis mise debout, ça a fait mal j’ai eu un mauvais pressentiment, je me suis baissée pour toucher mes chaussures et « putain mais quelle sombre conne d’abruti d’aveugle je me suis trompée de pied! », je me suis rassise, je me suis rageusement jetée par terre disons-le, j’ai défait mes lacets et rebelote, je ne vous raconte pas ce serait superflu. Je suis sortie, j’ai dévalé les escaliers parce que ça commençait à faire long pour descendre, et j’ai été interpellée par un gars sortant d’un appartement du dessous: en fait c’était lui, il avait pas les clés pour rentrer. À partir de ce moment-là j’en ai déduit que j’étais la préposée à la sonnette, de toute façon mon nom est le 1er sur l’interphone c’est toujours pour moi.

J’ai vaqué à mes occupations domestiques en attendant mon livreur. Il n’était même pas 16h quand la sonnette a discrètement retenti, un pet de sonnette très furtif. J’ai lâché ma balayette (je passais le balai) pour répondre.

– Oui?

– FFRRchFRRchFrchh.

J’ai ouvert et je suis retournée à ma poussière. Nouveau pet de sonnette, j’ai ouvert sans décrocher en me disant que j’étais quand même une bonne poire et qu’il pourrait prendre ses clés, ce connard. Je suis repartie mettre les saletés dans ma pelle quand la sonnette a retenti à nouveau, plus longue et appuyée. Là j’ai pensé que ça sentait bizarre, j’ai décroché et entre 2 « crrrrr » je comprends très clairement « C’est la livraison! ».

– Mais vous êtes en avance, me suis-je écriée paniquée, je suis tout en haut! Non, attendez, je descends!

J’ai bondi sur mes chaussures, puis je me suis souvenue que je n’avais pas préparé le sac avec les bocaux vides, La fourche ayant mis en place un système de consigne avec ses livraisons, je me suis ruée sur mon placard, j’ai sorti un sac et j’ai couru dans le salon récupérer mes bocaux en verre, shootant dans la pelle pleine de poussière et de poils de quadrupèdes au passage. J’ai fourré mes bocaux dans mon sac et j’ai sprinté vers l’entrée, en faisant un saut de cabri par-dessus la pelle, j’ai ouvert la porte à la volée et le monsieur était déjà là avec mes courses. Je lui ai tendu mon sac consigné:

– Je suis désolée, je ne vous attendais pas si tôt!

– Ça va aller? m’a-t’il gentiment demandé en me tendant mes courses.

J’imagine que vu de l’extérieur je devais faire peur. a

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