« On est des aventuriers! » m’a dit Papa alors que j’étais engoncée dans mon k-way géant, mon bob de pluie qui a fait tomber deux fois mon implant cochléaire sur la tête, le parapluie à la poignée ergonomique qui pèse 10 tonnes dans les mains. On a la classe ou on ne l’a pas. Le plan était de sortir Manille au parc de bon matin, sous la pluie.
J’étais encore un peu malade. J’ai mis 5 minutes à mettre ma chaussure droite, et quand j’eus fini je me suis demandé pourquoi on a deux pieds, bon sang.
On est donc partis au parc, moi agripant le bras de Papa et Papa le parapluie.
« On a oublié Manille! » a t’il dit à mi-chemin du parc.
« Quoi?! » ai-je crié en écarquillant les yeux, mais c’était une blague car la chienne était cachée derrière mon père.
Ensuite on est arrivés au parc.
« Il n’y a personne » a constaté Papa, ce que je peux comprendre car il faisait froid, vent et pluie. Manille, elle, était ravie.
Et puis je sais plus pourquoi, je crois que le parapluie rebondissait sur ma tête c’était marrant, j’ai ri et j’ai demandé à mon père qu’on s’arrête pour que je me mouche. Mon nez coulait. Apparement, j’ai un nez sensible à l’enrhumement. C’est le Docteur Chorizo qui l’a dit. Il disait aussi que je n’avais pas de problème d’udition.
Manille a eu l’air déçue qu’on ne fasse pas le grand tour.
« Elle n’a pas fait caca » m’a informé mon père.
Là j’ai avoué que j’avais donné un petit bout de banane à la chienne la veille et qu’elle était peut?être un peu constipée aujourd’hui.
« Tu ne tombe pas au ralenti! » m’a demandé mon père, car l’autre jour au parc c’est ce qu’il m’est arrivé. La crève a un peu aggravé mes problèmes d’équilibre. je me suis pris les pieds dans un tronc par terre, j’ai levé les bras au ciel et je me suis laissée choir sur la pelouse. Manille est venue me voir rapidement l’air de dire: « T’es tombée??? Ça va??!! Bn, j’y retourne!!! », puis elle s’est roulée dans l’herbe: « Moi aussi je tombe, haaaa ne me ramassez pas! ».
On est revenus à l’entrée du parc, là où il y a les fameux portiques anti-vélo que même quand t’es à pied c’est toute une histoire pour les passer. « La frontière » comme les appelle Papa.
Quand on est arrivés à la maison ma soeur et mon beu-frère se sont précipités sur Manille pour l’essuyer, moi je me suis jetée sur le banc en pestant intérieurement:
« Et moi personne ne va m’aider pour retirer mes chaussures. »