Vacances Niévroises #2 : Août 2023 (1/2)

Je suis retournée en vacances chez Nany avec ma mère et Manille. On devait. partir le dimanche matin.

Samedi soir j’ai fini de boucler mes sacs. Manille a compris. Elle était survoltée, surtout quand elle m’a vue préparer ses sachets de croquettes pour la semaine. J’ai terminé de faire les sacs et je suis allée me coucher.

Je me suis réveillée au milieu de la nuit et j’en ai profité pour aller aux toilettes. Je me suis heurtée à Manille qui, assise droite comme un I à côté du lit, la truffe sèche de sommeil, avait l’air de dire: « Vacances ».

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On est arrivées à la résidence de Nany au milieu de l’après-midi. On m’a redonné le même appartement que lors de notre dernière visite. Je pense sérieusement à demander ma propre boîte-aux-lettres.

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Maman a décidé de brosser Manille, un acte nécessaire car sinon c’est le festival du poil qui vole. Il faut savoir que ma mère a beau adorer Manille elle a peur des chiens.

Ma mère, brossant Manille: Elle va pas me mordre?

Moi: Non t’en fais pas. Tu sais, tu pourrais lui mettre les doigts dans le nez qu’elle te mordrait pas.

Oui j’ai essayé un jour.

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Le soir il faisait moins chaud et on a décidé d’emmener Manille au jardin avec Maman. Manille a compris. Elle était survoltée. On est sorties de l’appartement de Nany, descendues par l’ascenseur (que Maman me demande maintenant d’appuyer sur les boutons) et arrivées dans le hall où les copines de Nany étaient en train de papoter sur des fauteuil. Ma mère a commencé à discuter avec elles. Je l’ai vue prendre une « position participative » en croisant une jambe devant l’autre.

Je ne sais pas si vous avez connu et vous souvenez de cet état ressenti dans l’enfance. Vous savez, vous et vos parents étaient conviés chez leurs amis. C’était le moment de partir. Il était souvent tard et vous étiez pressé de rentrer. Tout le monde avait remis son manteau et ses chaussures mais au moment de passer la porte les adultes se remettaient à parler entre eux. Et la conversation n’en finissait pas. Et on n’en voyait pas le bout. Et vous en aviez si marre.

Bon et bien je pense que c’est ce que Manille a ressenti, en tout cas elle s’est couchée l’air un peu résignée.

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Lundi matin j’ai été réveillée par un drôle de petit contact. J’ai tendu la main pour caresser Stella et j’ai été éberluée en découvrant qu’il s’agissait en fait de ma mère.

– Mais comment t’es rentrée? j’ai demandé, car j’étais la seule à avoir les clés de mon appartement et j’avais tourné le verrou derrière moi la veille.

En fait il était déjà 10h45. J’avais fait peur à tout le monde car je ne répondais pas aux messages et ma mère était allée demander un double des clés à l’accueil de la résidence pour venir voir si j’allais bien (ou si Manille allait bien plutôt).

Maman a proposé de sortir Manille le temps que je me prépare. J’ai rapidement passé une robe et je suis sortie. À peine dans le couloir j’ai réalisé que je n’entendais pas donc je suis retournée en râlant dans mon appartement pour chercher mes processeurs.

Je suis arrivée devant la porte de Nany au moment où ma mère et Manille sortaient de l’ascenseur. Maman a lâché le fauve et la chienne s’est ruée vers moi à toute allure avant de faire la toupie.

Un peu plus tard j’ai consulté mes message et j’ai vu qu’à 10h17 ma mère m’avait dit qu’elle était passée frapper à ma porte puis sonner mais qu’à part les aboiements de Manille en mode « qui va là?! » elle n’avait eu aucune autre réponse. La bonne nouvelle dans cette histoire c’est que Manille monte la garde et que je peux avoir confiance en elle pour veiller sur moi. La moins bonne c’est que je suis vraiment sourde comme une bûche et que le monde pourrait exploser que ça me réveillerait pas.

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Au rez-de-chaussée de cette résidence se trouve le restaurant, et comme on est des sacrées princesses Maman et Nany y ont réservé une table tous les midis. Lundi matin (lundi fin de matinée plutôt) Maman a profité qu’on soit au calme chez Nany pour me donner le menu en avance. L’entrée du mardi midi bloquait:

– Il y a du chwawawi, a répété Mamour pour la énième fois.

– Du salami? ai-je proposé.

– Non, du chwawawi!

– C’est un légume?

– Oui, Cwawawi!

– Du salami!

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à midi moins le quart ma mère est allée à mon appartement pour fermer les stores. J’en ai profité pour aller aux toilettes et c’est là que j’ai réalisé que j’avais oublié de mettre une culotte.

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En revenant du restaurant ce jour-là j’ai appelé l’ascenseur. Maman, Nany, Manille et moi y sommes entrées. Je tâtonnais à la recherche du bouton pour monter au troisième étage mais ma grand-mère m’a devancée et a appuyé dessus. Je lui ai fait un petit sourire gêné en mode « oups j’ai pas été assez rapide ».

Les portes se sont ouvertes. Nous sommes toutes sorties et c’est là que ma mère m’a dit: « Ce n’était pas Nany avec nous dans l’ascenseur ».

En fait c’était sa copine de tricot.

Cheveux blancs et blancs cheveux hein.

iii

Ce qui est sympa avec la surdité (quoique surdité ou pas ça marche quand même) c’est qu’on peut exprimer des idées autrement que par la parole. Ainsi, quand ma mère a eu l’air étonnée que je lui demande de m’attendre plutôt que de venir avec moi sortir l’affreuse Manille qui n’avait pas fait caca de la journée et qui espérait sûrement poser sa pêche au jardin, je lui ai simplement répondu en prenant un air renfrogné avec les sourcils froncés et en me dandinant poings sur les hanches. Traduisez: j’y vais seule car il va falloir être sévère et inflexible avec Truffafion.

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Maman et moi avons dû nous mettre au franglish car Manille est à moitié bilingue français et certains mots sont susceptibles de la survolter (ex: balle, jardin, manger, Papa).

Ma mère: Elle veut aller au garden.

Moi: Seulement si elle poo ce soir.

Elle n’a pas poo. elle est allée faire du boudin en rentrant du tour des besoins. Ça a fait de la peine à Maman qui a essayé de marchander pour l’emmener faire caca au jardin (et le lendemain elle a dit que je ne méritais pas un biscuit avec mon café parce que je n’avais pas emmené la chienne au jardin la veille, non mais quelle blague). Nany m’a dit que j’étais trop sévère. Bref je suis passée pour l’horrible marâtre de service pendant que Manille manill’pulait tout le monde avec ses yeux de Kaa.

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Mardi matin de bonne heure, comme Manille a poo, on est allées au garden. Manille était contente.

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Durant mon séjour, j’ai voulu apprendre à Manille à chercher l’ascenseur. Comme le mot « ascenseur » est un peu long je l’ai remplacé par « boîte ». Ça devait avoir un petit côté ridicule quand, dans le hall plein de gens, je lançais à Manille: « Allez cherche la boîte! », et qu’on s’engouffrait ensuite dans l’ascenseur.

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L’après-midi il faisait tellement chaud que tout le monde est parti comater: Maman dans le lit de Nany, Nany dans son fauteuil, moi allongée sur le canapé et Manille vautrée devant le ventilateur.

J’ai émergé vers 15h45. Nany et Maman étaient installées à côté de moi sur la table de la salle à manger. Je leur ai signifié que j’étais réveillée: « Gneeeuuuhhhh… ».

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Ma mère est venue me passer un gant mouillé sur le visage et les bras pour me rafraîchir. Quand je lui ai dit qu’on pouvait faire pareil sur les pattes de Manille elle lui a fait des « chaussettes ».

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Maman m’a présenté un petit récipient en verre sous le nez. Je l’ai porté à mes lèvres en pensant que c’était un verre d’eau (et en me demandant pourquoi elle ne me laissait pas boire seule). En fait c’était un petit pot avec des chocolats dedans.

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La malédiction de la catastruffe a de nouveau frappé car Manille s’est mise à boiter (ÇA ÉTONNE QUI?). Avec la chaleur en plus elle était complètement raplapla ce jour-là.

Le soir Maman et moi l’avons emmenée faire un petit tour des besoins. Elle n’a rien fait. Elle était si patraque. Il fallait quand même qu’elle fasse pipi alors Maman a proposé de l’emmener dans le jardin sur la belle pelouse (plutôt que sur le vieux carré d’herbes desséchées là-bas, là). J’ai abdiqué et nous y sommes allées.

Manille a pee. Elle a poo aussi. Et comme elle était vraiment à l’article de la mort elle est allée chercher un bâton et s’est roulée dessus. Pan mon autorité.