Mercredi matin Maman et moi sommes allées à Emmaûs. Manille est restée à l’appartement avec Nany.
Il y avait plein de choses au rayon robe. J’en ai mis quelques unes de côté et j’ai continué à fouiller.
– Tu en as déjà cinq, m’a dit Maman qui devait commencer à s’inquiéter que je reparte avec tout un portant.
J’en ai trouvé sept et quand ma mère m’a passé la huitième j’ai décidé de m’arrêter là et d’aller les essayer.
Ma mère a appelé Nany. Nany lui a dit que Manille était en train de pleurer (ce gros prout aurait fait la gueule à Emmaûs hein).
J’avais trouvé une robe « bizarre », très originale avec un trou dans le dos et des manches longues à moitié détachées des épaules. En passant les bras dans les manches j’ai su qu’elle était trop petite mais je me suis entêtée à enfiler quand même le reste pour voir. Elle était trop petite et trop courte. J’ai ouvert le rideau pour que ma mère la voit.
– Non, a fait Maman.
– Et avec un collant? ai-je demandé.
– Non.
– Mais avec un collant?! (dans le déni jusqu’au bout)
– Non.
***
Dans le hall plein de gens de la résidence chic de Nany où nous étions confortablement assises sur des fauteuils Manille a lâché une caisse.
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Il était pas loin de 17h quand Maman m’a dit qu’elle et Nany allaient faire l’activité blind test. J’ai reniflé mon dessous de bras et j’ai demandé: « J’peux v’nir? ».
En fait avant la surdité j’étais plutôt forte au blind test. Et puis, j’avais fait mon service civique comme animatrice dans un EHPAD (je suis en train de vous préparer avec amûr tout plein d’anecdotes sur cette expérience) et le quizz musicale était une activité que nous faisions souvent avec les résidents. Ça allait nous rappeler des souvenirs à Manille et moi.
Par dévotion pour ce blog (parce qu’il fallait bien avoir des choses à raconter pour cet article), et parce que j’aime être là où on ne m’attend pas, je suis allée à l’activité blind test avec ma mère et Nany.
Arrivées en bas, l’animatrice n’était toujours pas là. Ma mère m’a dit que l’activité avait sûrement été annulée. J’ai pensé: « Tant mieux, ça aurait été désastreux pour moi ». Ensuite elle m’a dit qu’elle m’avait commandé du tiramisu et j’ai été très contente. J’attendais mon gâteau quand il a commencé à y avoir du mouvement: finalement l’activité allait débuter.
On a posé mon audiolink à côté de la sono mais je n’ai rien reconnu. Ma mère, qui était assise à côté de moi, avait l’air de complètement s’enjailler. Parfois elle écrivait le nom du chanteur ou du groupe qui passait dans ma paume de main. « BRUEL » par exemple.
Il m’a semblé reconnaître In the Navy à un moment. j’ai rien dit, et je crois que j’ai bien fait parce que ça ne devait pas être ça.
Il y a ensuite eu une chanson qui m’a rappelé un morceau mais en me concentrant dessus c’était pas ça non plus.
À cause de ma surdité je n’ai rien reconnu. C’est peut-être pas plus mal car sinon j’aurais éclaté tout le monde ainsi que le moral des troupes.
– Je me suis bien amusée, m’a dit Maman à la fin de l’activité.
– Oui, j’ai répondu, je t’ai vue. Dis, c’était quoi le titre de la chanson de Bruel?
– C’était Brel, pas Bruel.
J’avais pas compris. J’avais pas compris non plus qu’elle me parlait du tiramisu que j’avais mangé à midi et pas d’un potentiel rab.
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Au jardin, Manille a trouvé un bâton et a essayé de m’embrocher la cuisse avec.
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Au moment de quitter le jardin je me suis mise à tourner sur moi-même en inspectant les environs…
Ma mère: Tu cherches quelque chose?
Moi: Le chien.
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Jeudi Matin au petit-déjeuner:
– Chwawawa petit-déjeuner? m’a demandé Maman.
– Quoi? j’ai répondu.
– Chwawathé chwapetit-déjeuner.
– Ah, si, c’est juste que j’ai l’habitude de boire de la Ricoré le matin.
– …
– Heu… Tu me demandais pas si je buvais pas de thé le matin?
– Non. Chwawawa petit-déjeuner.
– Rho. Hein?
– Chwaembête chwapetit-déjeuner.
– Je ne m’embête pas au petit-déjeuner?!
– Non.
– Pfff.
– Je t’embête au petit-déjeuner.
– Oui.
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Au jardin, Manille m’a fouetté le visage avec sa queue.
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On est remontées prendre le café chez Nany après le repas au restaurant. Ensuite j’ai voulu aller me laver les dents à mon appartement. Manille, comme les jours précédents, s’était installée devant le ventilateur et était très occupée à glander, tellement qu’elle ne s’est même pas levée pour m’accompagner. Je suis donc partie sans elle.
À mon appartement je me suis lavée les dents. Puis je suis allée m’asseoir sur mon lit. Puis je me suis allongée. Il était bien confortable ce lit. J’ai commencé à somnoler.
Je ne sais pas combien de temps je suis restée ainsi mais à un moment j’ai cru entendre un petit son un peu strident. J’ai ouvert les yeux. Le son a retenti une deuxième fois et là j’ai compris. Je me suis levée. J’avais fermé tous les volets donc on y voyait comme dans un cul (cette expression était dans Joyland et elle m’a bien fait rire). Comme j’ai mal évalué la distance je me suis pris la porte de ma chambre dans le nez. Je suis allée ouvrir la porte d’entrée. C’était ma mère qui avait sonné:
– J’avais peur que tu sois tombée dans la salle de bain, a-t’elle dit.
– Je m’étais assoupie, ai-je répondu en me frottant le nez.
***
Le dernier jour il avait plu dans le nuit. En revenant du tour des besoins du matin j’ai essuyé les pattes de Manille dans l’entrée de la résidence. Je lui ai retiré sa laisse et j’ai passé une petite serviette sur son poil mouillé. J’ai terminé et j’ai lancé:
– C’est fini Manille! On y va?
La chienne a commencé à partir sans moi, prête pour de nouvelles aventures.
– Non mais attend-moi quand même!
Et pendant ce temps-là…
C’est Père qui est allé s’occuper de Stella pendant mon absence. Je lui avais demandé de ne pas lui donner de la pâté tous les jours cette fois.
Stella est sortie du bureau pour l’observer le lundi. Et enfin mercredi Père m’a envoyé:
« Coucou Bibi Stella est venue près de moi, s’est frottée contre mes jambes et donnait des petits coups de tête. Après elle a joué avec mes chaussures. Elle est montée sur le canapé où je suis assis et s’est frottée contre moi. Après elle est allée sur le carrelage et s’est roulée comme un chien joyeux. Maintenant elle mange ses croquettes et elle lèche ses papatoune! »
Puis juste après:
« Du coup je lui ai donné un sachet de pâté »
