Qu’avez-vous le plus peur de faire ? Que faudrait-il pour que vous le fassiez ?
Pas grand chose. En fait si, un tas de choses mais ça ne m’empêchera pas de les faire. Je crois que c’est un concept en psychologie sociale qui s’appelle l’engagement, ou un truc du genre. Même si je suis effrayée j’ai tendance à foncer dans le tas. Globalement quand j’ai peur de faire quelque chose c’est comme si je me mettais en apnée et que je me disais: « Bon ben quand faut y aller faut y aller ». Ça me rappelle notamment la fois où je me suis retrouvée à masser mon potentiel futur employeur.
Quoi Bibi! Qu’as-tu donc fait?!
J’ai arrêté mon M1 en cours de route et il m’a fallu un petit temps pour comprendre que je n’y retournerais pas et qu’il fallait chercher autre chose. Ne voulant pas rester à me tourner les pouces (chose qu’au passage je fais brillamment aujourd’hui puisque je suis sans emploi) j’ai réfléchit aux options qui s’offraient à moi. L’une d’entre elle consistait à faire une formation pour devenir masseuse bien-être.
C’est bien connu les aveugles ont un don pour le massage (cf: Desperate Housewives). Ma collègue de remise de chien guide était elle-même masseuse et avait le contact d’une masseuse déficiente visuelle traavaillant dans un spasur Paris.
J’ai donc demandé au spa où travaillait la personne si c’était possible de suivre une formation auprès d’eux. On m’a répondu positivement et on m’a proposé de venir au spa pour faire une séance de hammam avant de me faire masser. J’y suis allée et j’ai trouvé ça chouette. Je me suis dit que j’aimerais bien être en contact avec des corps (ça vaudra la peine de faire un article sur le toucher)
Puis on m’a proposé de revenir pour masser une personne du spa afin qu’on évalue « ma main ». Finger in Ze nose, comme disait ma prof d’italien. C’était une femme qui tenait l’accueil, la contact de ma collègue était une femme, c’était une femme qui m’avait amenée au hammam et on avait croisé deux apprenties masseuses. J’avais été massée par un homme (qui avait les mains extrêmement calleuse) mais je pensais que j’aurais à masser une femme.
Je me suis donc pointée le jour J très confiante. La fille que j’avais déjà rencontré m’a emmenée dans un box de massage. Elle m’a dit qu’on attendait le patron. Ok pas de souci.
Le patron est arrivé, s’est présenté, a retiré sa chemise et s’est allongé sur une table de massage.
Ha putain la douille.
On m’a invitéae à me laver les mains. Je me revois devant le lavabo penser: « Mh. Je vais quitter mon corps et tout ira bien ».
Ensuite on m’a invitée à prélever de l’huile de massage dans mes mains. Je me revois devant la table de massage (et le patron sans chemise accessoirement), les mains en suspens comme si elles étaient couvertes de sauce tomate et que je voulais éviter d’en fiche sur mon lit., penser un truc du genre: « Au secours à l’aide » et je l’ai massé.
En fait c’était un piège (oui on l’aura deviné) car apparement souvent des filles demandent à suivre la formation mais refusent de masser des hommes. Donc voilà, au final je m’en suis sortie. Je repense parfois à cette scène quand je suis tétanisée à l’idée de faire quelque chose.
Dans le roman Coraline de Neil Gaiman, Coraline a cette phrase que j’aime beaucoup: « Le courage c’est quand on a peur mais qu’on y va quand même ».
(Au final j’ai pas suivi cette formation et j’ai enchaîné avec mon service civique en maison de retraite, bref j’aurais pu m’épargner ça.)