« How to Disappear Completely »

J’ai entamé ma première plaquette d’antidépresseurs le 14 mars 2022. J’ai mis du temps à comprendre que je faisais des dépressions à répétition depuis des années et d’ailleurs la séance avec ma psychologue quelques jours plus tôt (où elle m’avait dit d’aller voir ma médecin) m’avait plongée dans un espèce d’état de choc. Bref, y a de la joie dans la Badoit.
Le 6 mars 2022, c’était un dimanche, ma famille et moi avons été invitées à déjeuner chez mes cousins. Ça faisait très longtemps que tout le monde ne s’était pas retrouvé comme ça, mes cousins, leurs enfants, ma tante, mes parents et mon ex. Je me souviens que sourire me demandais un effort monstrueux, en tout cas ce n’était pas naturel, et que j’avais l’impression d’être là sans être là. C’est monté crescendo et à un moment j’en pouvais tellement plus que je suis allée « m’isoler » sur le canapé et j’ai commencé à écrire le texte que je vous partage aujourd’hui.
Attention: je vous demanderais de ne pas faire ma psychanalyse. Je publie mon texte car je trouve que c’est intéressant pour se rendre compte à quel point la dépression est sournoise et tord complètement sa perception. On a tellement le nez dans la mélasse qu’on a l’impression qu’on ne verra jamais le bout de son mal-être. Probablement que l’arrivée de ma surdité a été un élément déclencheur pour cette crise-ci, mais le handicap n’est certainement pas la cause de mes états dépressifs. Respectez mon individualité et ne faites pas de raccourci hasardeux, mercey.


J’ai envie de disparaître. Je me sens tellement nulle. Je suis une pauvre conne. J’aimerais disparaitre. Pourquoi je ressens tout ça? Pourquoi suis-je mauvaise à ce point? J’aimerais me cacher dans un trou et ne plus jamais en ressortir. Je voudrais disparaitre. Je me sens mal. Je me trouve nulle. Je sers à rien. Je suis en train de devenir l’ombre de moi-même. Au secours aidez-moi‘. J’en ai marre d’être moi, de pas être moi et de pas être bien. Pourquoi je me sens inférieure aux autres? En fait j’ai plus aucune estime de moi-même. J’essaye de remonter la pente et à chaque fois il y a un grain de sable qui fout tout en l’air. Je sais même plus si j’ai réellement envie de mourir. J’ai besoin d’air et d’aide. Je suis prisonnière d’un truc que je ne maitrise plus. Pourquoi tout s’effrite? žEst-ce que ça va s’arranger un jour? Pourquoi je suis comme ça?
J’en peux plus. Je suis une merde, une pauvre conne incapable d’accepter la réalité quand elle fait trop mal. Incapable de voir plus loin que mes propres douleurs. Je suis tellement fatiguée de vivre comme ça, d’être dans l’obscurité . Je suis bloquée, je suis nulle, je veux disparaitre. C’est trop dur.
Le problème c’est moi c’est pas les autres.
Le problème c’est moi, je suis un problème.
Disparaitre, plonger nul-part, être ailleurs loin de tout et tous. Être mieux. Ne plus rien ressentir. Je suis un château de sable et la mer est venue tout détruire. Je n’ai plus de rempart, plus de fort, plus de fierté. Je suis ma propre ruine. Je suis un tas de sable qui un jour se prenait pour un château . Mais si je redevenais château à nouveu ? Je veux disparaitre.
Je suis un caillou et je regarde les montagnes avec envie.
Je suis un pissenlit et j’envie le soleil.
Je ne suis rien.
Je veux rentrer.
Puis disparaitre. Dormir et rêver sans fin.
Pourquoi je stagne, pourquoi je régresse? Pourquoi je dois vivre ça au juste? Je suis seule mais c’est de ma faute.
Je suis une imbécile.
Je sers à rien. J’ai attendu l’impossible. Je suis seule prise dans ma tête aujourd’hui. Je veux sortir de ça. C’est vital. Ne plus subir ou bien.
Pourquoi je m’accroche autant à la vie au juste? Depuis le temps et les envies, qu’est-ce qui me retient? Elle est en train de passer sous mes yeux et j’arrive à rien.
Il faut pas que je pleure c’est pas le moment. Mais là c’est gros derrière mes yeux. Je veux partir.


Et une fois n’est pas coutume je vous mets ici la chanson à laquelle je fais référence dans le titre.

Un commentaire

  1. Avatar de Sol. V. Sol. V. dit :

    Effectivement, vu l’état psychique que le texte laisse ressentir, les antidépresseurs ça pouvait aider. C’est un moment important quand on réalise que d’une part c’est possible de sentir et vivre les choses autrement que comme ca et d’autre part qu’on a peut être besoin d’un coup de main

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