Cet article est un coup d’épée dans l’eau.
Le titre m’est venu il y a plusieurs mois alors qu’une énième voiture était (mal) garée en travers du trottoir dans mon quartier, gênant totalement mon cheminement. Quand vous prenez les gens sur le fait ils vous répondent:
« Mais! J’en ai que pour 5 minutes! »
J’en ai que pour 5 minutes. En fait si je mettais bout à bout le nombre de bagnoles croisées dans mon quartier garées sur le trottoir car « J’en ai que pour 5 minutes », ça ferait des heures. Je ne plaisante pas.
Cet égoïsme routier me fait grandement penser au manque d’accessibilité de certains sites web.
En effet il m’arrive fréquemment de m’arracher les cheveux parce que je n’arrive pas à naviguer comme madame Tout-le-monde sur un site, pour la simple et bonne raison que l’inclusion numérique ne faisait pas partie des priorités des développeurs web en charge dudit site. J’écris ça car lorsque je prends le temps (après en avoir perdu beaucoup trop, n’est-ce pas) de contacter les personnes de l’onglet Contact (souvent difficile à trouver l’onglet, au passage) on me répond quelque chose qui pourrait s’apparenter à:
« Oui, oui. »
Oui, oui. Bon bah okay, okay alors.
Au bout d’un moment j’ai essayé de couper mon cerveau et de cultiver ma sagesse. Les gens payés pour répondre dans l’onglet Contact qu’est difficile à trouver (les chargés de com’) ne sont pas les développeurs web et n’y connaissent probablement rien en codage et blablabla. J’essaye d’être indulgente avec ces personnes qui font le relais entre moi et les techniciens du site mais bon sang c’est pénible.
Si vous voulez vous bidonner un coup, allez faire 1n tour sur le site de La Poste. Au moment où j’écris, tout en bas dudit site il y a un lien qui proclame: « Accessibilité: non conforme ». La loi pour l’inclusion numérique en France a bientôt 20 ans.
Quelle est la probabilité qu’une personne « en difficulté » passe sur ce site web ou sur ce trottoir où j’ai garé ma caisse? À croire que le handicap ça n’existe que dans une autre dimension. Ou quand il y a le Téléthon, après ça disparait et on s’en fout pendant 1 an.
Alors oui, j’avoue, au moment où j’écris je suis un poil en colère et peut-être donc pas très objective. Mais j’ai fait un constat: au quotidien j’ai droit à un dégueulis d’admiration parce que « Oh vous êtes polyhandicapée vous êtes si courageuse, à votre place moi je ne pourrais pas », du jugement de valeur sur la base de mon handicap sans connaître ma personne ni ma vie, bref du validisme; mais quand il s’agit de remettre en question son manque voire son absence de civisme ou d’accessibilité numérique j’ai toujours droit à du mépris teinté de mauvaise foi, bref du validisme.
Allez salut, je vais aller me taper le crâne contre un mur.
Les réponses « oui oui » j’aime beaucoup ce concept.
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