Kévin et Saint Pierre

Kévin Drannoc patientait dans une petite salle ovale immaculée. Il était plutôt détendu, lui qui avait mené une existence sage et bien rangée.

Une voix un peu bourrue l’appela au loin:

– Monsieur Drannoc?

– Je viens! Répondit-il joyeusement.

Quelle belle journée pour mourir!

En quelques pas Kévin se retrouva face à un vieux monsieur qui portait de longs cheveux gris assortis à une longue barbe grise, une toge blanche et de petites sandales de cuir marron.

– Bonjour, dit le vieil homme, je suis Saint Pierre. Nous allons procéder à l’évaluation de vos actions terrestres.

Devant Saint Pierre il y avait un gros livre posé sur un piédestal (en voilà une représentation bien surfaite de S^int Pierre, hein?). Il le feuilleta et dit:

– Mh, fit-il, je vois que vous étiez non-fumeur, végan, que vous donniez votre sang à Noël et que vous passiez vos dimanches après-midi comme bénévole à la SPA.

– C’est exact, monsieur, dit Kévin.

– En fait mes sandales sont en simili-cuir.

– Vraiment?

– Oui. Mais ici on ne mange que du cumulonimbus, vous savez.

– Ah.

– Après le cumulonimbus c’est pas comme les carottes, ça ne souffre vraiment pas.

– Et c’est bon?

– Disons que c’est pas du Gervita, quoi.

– Ah.

Saint Pierre parcourut à nouveau son épais livre.

– Oh! Baccalauréat S mention très bien! S’exclama-t’il.

– Oui, monsieur, répondit très modestement Kévin.

– Brevet de secourisme!

– Oui, monsieur.

– Et de natation!

– Oui, monsieur.

– Il ne servira à rien ici, personne ne s’est jamais noyé dans un cumulonimbus.

– ah.

– De quoi êtes-vous mort au juste?

– Je l’ignore, monsieur.

– C’est ce qu’ils disent tous.

Soudain Saint Pierre se pencha sur son ouvrage en plissant les yeux:

– Attendez, marmonna-t’il… Je vois que vous vous êtes déjà garé n’importe comment sur un passage piéton.

– C’est exact, monsieur, avoua très modeste/ent Kévin.

– Et pourquoi ça?

– Ben, heu… J’en avais que pour 5 minutes.

Saint Pierre considéra Kévin en fronçant les sourcils, ratura quelque chose dans son bouquin et dit:

– Dans ce cas c’est un aller direct pour l’enfer. Et je suis navré mais cette fois vous en aurez pour un peu plus de 5 minutes.

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