Rééducation roulante

L’autre jour en rééducation, alors que l’orthophoniste me donnait des noms de moyens de transports, à la place de « camion » j’ai compris « caddie ». J’ai dû me mordre la langue pour m’empêcher de rire car je me suis instantanément imaginée en train de me déplacer à bord d’un caddie de supermarché.

Rééducation aimable (oui c’est pas en :ante mais « aimablante » ça veut rien dire)

L’autre jour en rééducation, l’orthophoniste me demande de ne porter que mon implant de gauche et me donne des phrases en lien avec un mot et je dois dire si c’est vrai ou faux. Vient le tour du mot « carotte ». Je ne comprends strictement rien à la première phrase. Elle fini par la répéter plusieurs fois avec mon audiolink. Comme ça ne marche toujours pas elle me demande de remettre mon implant droit pour écouter des deux oreilles mais je ne comprends pas mieux. Dans un grand moment de désespoir j’ai proposé: « Les carottes sont bouchées? », avant de penser: « Dans ce cas la carotte c’est toi Bibi ».

Lalalalalalala

Que serait votre vie sans musique ?

J’aime bien la tournure de la question comme si c’était quelque chose d’absolument abstrait qui ne pouvait pas arriver. Pour ma part, la musique avec les implants cochléaires c’est un peu conceptuel. Ça « sonne bizarre ». Et j’entends pas toujours tout. Cependant comme j’étais très branchée musique avant mon cerveau a fait comme un « pré-travail d’enregistrement » et je me contente donc de ce que je perçois aujourd’hui. Quand j’étais sourde pas encore implantée j’aimais bien sentir les vibrations de l’enceinte qui était dans mon salon. C’est une autre façon de ressentir la musique.

Vous qui me lisez vous aurez peut-être compris que la musique avait (avait, a, est-ce que je dois parler au présent ou au passé) une place particulière dans ma vie. Il y a sur ce blog une étiquette musique et ça arrive que dans certains articles je glisse des morceaux que j’ai connu. Parfois je donne même des titres ou des paroles de chansons à mes titres d’articles (quand ceux-ci sont écrits entre guillemets).

Aujourd’hui il m’arrive souvent de penser à des chansons. Parfois je prends le temps de les écouter avec mes implants même si ça ne ressemble plus trop à ce que j’écoutais avant. Le plus extraordinaire dans cette histoire ce sont mes rêves. Il m’arrive parfois dans mes rêves d’entendre un extrait de chanson tel que je l’ai connu. C’est assez drôle.

J’ai souvent le sentiment d’être un vieux juke-box pété parce que je suis en boucle sur des chansons qui datent d’avant ma surdité. Mes références musicales ne sont pas très récentes. J’avoue avoir un peu la flemme de prendre le temps d’écouter les nouveaux morceaux des artistes que j’aimais bien, même si j’ai envie de m’y mettre par moments. C’est un peu comme quand on meurt et que des films, des musiques, des choses continuent d’être créées mais on ne peut plus s’actualiser, car on n’est plus en vie (CQFD).

Malgré tout j’ai quand même gardé un certain lien avec la musique. J’aimerais d’ailleurs un jour assister à un concert de Ghost (mon groupe préféré) ou bien aller à un festival de musique, avec ou sans implant.

Cet article est terminé et je ne suis pas sûre d’avoir répondu à la question initiale.

Mais l’an chon quoi

L‘autre jour pendant la rééducation Manille s’est mise à pleurer. Sans doute qu’elle n’en pouvait plus parce que L’orthophoniste avait répété 15 fois le nom de Joël Machin, célèbre monsieur qui a une marque de trucs dans les supermarchés, mais qu’à chaque fois je comprenais Jean-Luc Mélenchon.

Communication non-verbale

Ma soeur est malheureusement l’une des personnes que je comprends le moins bien avec mes implants cochléaires. Je dois souvent la faire répéter et lui faire écrire dans ma main.

L’autre jour, en pleine discussion avec Père et elle. Je faisait un monologue introspectif sur ma vie..

père, à la fin de ma tirade: Ta soeur est d’accord avec ce que tu dis.

Moi, me mettant à pleurer: Oh je l’entends pas beaucoup ma soeur…

père: Elle n’a pas parlé.

En fait elle venait seulement d’hocher la tête.

Rééducation gênante

Rééducation orthophonique (le même jour que la semaine dernière). L’orthophoniste me donne des séries de trois mots appartenant à la même catégorie.

On arrive à la catégorie fromage avec « camembert, gruyère et roquefort ». J’ai tout bien compris, pourtant répéter me demande un gros effort. Pourquoi?

Tout simplement parce qu’en temps normal je ne sais pas prononcer « gruyère » correctement. Ma mère m’a appris à dire « grouyère » quand j’étais petite, sans doute parce que c’était plus mignon, et quand j’ai appris vers mes 18 ans que cette prononciation était fausse il était trop tard. Le mal était fait, le grouyère était devenu un automatisme chez moi. J’ai dû trouver des subterfuges, comme de dire « emmental » à la place de « gruyère » (les puristes du frometon en sueur), mais je n’ai jamais pu corriger ce tic de langage qui m’a valu bien des moqueries.

Apprenez à vos enfants à parler correctement par pitié. Dire « grouyère » à 5 ans c’est peut-être choupi mais à 25 au mieux ça fait pèquenaud, au pire ça fait peur.

Zombie queen de la rééducation

Rééducation orthophonique. L’orthophoniste me donne des séries de trois mots appartenant à la même catégorie.

Arrivée à la catégorie des instruments je confonds le mot « tambour » avec « kazoo ». Pas grave me direz-vous, on est là pour ça. Sauf que moi quand j’entends (crois entendre) le mot « kazoo » je ne peux pas m’empêcher de penser au live de Ghost (mon groupe préféré) avec le chanteur qui interprète Zombie Queen en jouant du kazoo. Je précise que Ghost est un groupe de metal, que Tobias Forge (le chanteur) se déguise en pape sataniste et que les musiciens sont en goules (et sur la vidéo il y en a une qui essaye de ne pas rire en fond). Et que, dans ce live, quand Tobias Forge chantait il reposait solennellement son kazoo sur un piédestal.

Croyez-bien que je mets toute la bonne volonté du monde pour rester concentrée pendant mes séances d’orthophonie.