L’autre jour en rééducation orthophonique, « la petite fille est blottie sous la couette » s’est transformé en « Martine est bloquée sous la couette ». Une pensée émue à Martine qui n’a pas réussi à se dégager et qui à ce jour est toujours coincée sous son édredon.
Archives de l’étiquette : Implant Cochléaire
IC 1 juin 2021, IC 2 janvier 2023 (Ichec Cuisant).
Rééducation déprimante
L’autre jour en rééducation, l’orthophoniste me donne trois mots et je dois deviner l’évènement historique en lien derrière. J’ai eu droit à « avion/Ney York/tou!s jumelles » et « 14 juillet/Bastille/guillotine ». Plus gai tu meurs.
Cuicui les ptits oiseaux
J’ai déjà raconté dans cette anecdote qu’on m’a retiré un petit morceau d’os derrière chaque oreille pour faire passer mes implants cochléaires. Bien que ça ne se remarque pas et que j’arrive à vivre sans ces morceaux d’os, je pense qu’ils avaient néanmoins une fonction essentiel.
En effet, quand je dors la tête sur le côté, en me réveillant et en me relevant de mon oreiller, mon oreille reste « collée » contre mon crâne. Elle met quelques instants à se remettre en place, instants durant lesquels je dois avoir une tête de joyeux canari.
Le toutou.
Un des divers tests auditifs consiste à vous faire écouter puis répéter des mots. Une voix de robot énonce: « Le caillou. Le cochon. Le canard. Le radis. La noisette. », et vous devez répéter chaque mot que vous avez compris. Il me semble que ça s’appelle l’intelligibilité (moi quand je lis dans mes rapports médicaux que mon intelligibilité est mauvaise j’ai l’impression de lire: « Non mais cette patiente est complètement con, on peut rien pour elle désolé »). J’ai eu l’occasion de faire ce test quand mon audition était encore à peu près normal. « Finger in ze nose », comme disait ma prof d’italien au lycée. Avec l’implant cochléaire par contre c’est pas la même limonade.
L’autre jour on m’a fait passer cette fameuse évaluation. Déjà, quand mon régleur m’a annoncé que j’allait faire le test des mots j’ai pas pu m’empêcher de froncer le nez. Je suis allée dans la salle d’examen puis le technicien a commencé à me faire écouter des mots. Et là, parmi le mot « cochon » que j’ai entendu 15 fois donc ça devait pas être ça, j’ai entendu « Le Goui-goui ». Goui-goui étant un des (trop) nombreux surnoms ridicules de Manille. Je ne peux même pas vous dire ce que c’était réellement car c’est pas comme les séances d’orthophonie, les mots s’enchaînent et le but c’est juste de mesurer ce que vous comprenez. Je l’ai bouclée du coup, de toute évidence il n’était pas question de Goui-gou’ et en plus j’avais trop honte de répéter ce que j’avais compris.
« Sorry, I cannot hear you I’m kinda busy »
Quand j’ai eu mon 1er implant cochléaire j’ai modifié l’annonce de mon répondeur. Il fallait bien que je comprenne mes messages vocaux. Ça ressemblait à: « Bonjour, vous êtes sur le répondeur de Bibi! Je ne suis pas là pour le moment alors laissez-moi un message! J suis sourde, parlez lentement et artiaulez bien! ». Malheureusement ces instructions ne devaient pas être claires car souvent lorsque les gens laissaient un message sur mon répondeur ils avaient l’air de parler dans leur manche avec le débit vocal de Scatman John.
Un jour j’en ai eu un peu marre, et comme je suis feignasse sur les bords, j’ai de nouveau changé mon annonce. Ça donne: « Bonjour, vous êtes sur le répondeur de Bibi! Je suis sourde, merci de laisser un sms! »
Quand j’étais petite, chez ma tante, on regardait ce vieux dessin animé appelé La noiraude. C’était une vache qui appelait son vétérinaire au téléphone pour lui raconter ses malheurs. Les épisodes étaient courts et débutaient toujours de la même façon: la caméra se rapprochait de l’étable avec une petite musique puis on voyait la Noiraude avec son combiné à l’oreille. C’était la secrétaire du docteur qui décrochait, la Noiraude se présentait et demandait à lui parler. La secrétaire répondait avec une voix de crécelle insupportable: « Ne quittez pas, j’vous l’passe! », ce qui faisait éloigner le téléphone de son oreille et grimacer la Noiraude.
Bien, je trouve que j’ai exactement le même ton que la secrétaire sur mon répondeur actuel.
Pour toi Tata Clown.
« Mutant Brain »
J’expliquais dans cette vieille anecdote que l’implant cochléaire stimule mon nerf facial (des deux côtés). Au quotidien j’ai quelques spasmes mais rien d’embêtant. En fait, mon régleur fait en sorte de limiter ces stimulations. Il m’avait expliqué qu’il fallait répartir le courant, un peu comme un tapis de clous: quand le poids du corps est correctement réparti on ne s’embroche pas (c’est pas exactement ce qu’il avait dit mais globalement c’est l’idée). Pendant le réglage par contre il doit activer chaque électrode une à une (j’en ai 12 à droite et 8 ou 9 à gauche). Ça me provoque de forts spasmes au visage. C’est pas douloureux mais c’est très désagréable. Les muscles se contractent tous seuls: cela va du petit tressautement répétitif de la paupière à une espèce d’éclair qui vous traverse la gueule du sourcil au menton. Je le répète, c’est pas douloureux mais c’est franchement désagréable. J’essaye de rester stoïque en me mordant la langue, en serrant mes doigts et en arrêtant de respirer tout en marmonnant: « Ouais, ça va. Ça va ».
L’autre jour j’ai repensé à une pub qui passait à la télé quand je n’étais ni sourde ni malvoyante. C’était la pub pour le parfum Kenzo world. On voyait une fille à une soirée mondaine. Elle portait une très jolie robe verte. À un moment elle partait s’isoler dans le couloir et commençait à faire des grimaces de façon incontrôlée. Elle se mettait ensuite à danser, à courir dans les escaliers, à lécher une statue et à faire n’importe quoi. Une fois dehors, elle était comme transportée à travers un oeil géant (composé de fleur?). Elle atterrissait ensuite au sol, se relevait puis se frappait la poitrine avant de jeter un regard mi-satisfait mi-exténué à la caméra, un peu décoiffée. La musique de fond était très dynamique et rythmée. Cette pub de parfum était très originale et ne plaisait pas à tout le monde. Moi je la trouvais absolument géniale et j’adorais la chanson.
Bon, eh bah du coup quand j’essaye de gérer mes spasmes faciaux lors des réglages je pense qu’intérieurement je ressemble à cette fille (extérieurement aussi, sans doute).
J’ai nommé cet article comme le titre de la chanson de la pub. Avouez qu’il est drôlement évocateur pour une histoire d’implant cochléaire.
Libérés, délivrés
Quand on vous pose un implant cochléaire, on vous rase une toute petite zone de cheveux derrière l’oreille au moment de l’opération. Pour ma première intervention je pensais que je me réveillerais avec la coupe de Skrillex. À mon réveil, j’ai presque été déçue en constatant que j’avais juste un pauvre rectangle de cheveux ras sur le côté de la tête. Forcément, je savais à quoi m’attendre pour ma deuxième implantation en janvier dernier.
Depuis ça repousse. Maintenant quand je me fais une natte j’ai 6 cm capillaires impossibles à coiffer qui se battent en duel derrière mon oreille gauche. Clairement j’avais pas signé pour ça moi.
Mauvaise foi
Je suis retournée voir Mme Sourire pour une séance de pédicure lundi dernier. Tandis que je retirais mes chaussures, elle a essayé de me dire quelque chose:
– Chwawawa?
– Pardon, ai-je demandé confuse.
– Wahchwawoaaaah?
– Ouhla. Heu?
– Chwoooaawawah?
– Oh, je suis désolée! J’ai eu un réglage l’autre jour mais il est pas terrible on dirait.
– Hahahaha!
La vérité c’est que c’est mon nerf auditif qu’est pas terrible, pas le réglage.
Serge
Rééducation orthophonique. L’orthophoniste me donne une liste de mots commençant par « la ».
L’orthophoniste: Lama.
Moi: Lama?
L’orthophoniste: Oui! Comme Serge le lama!
Moi, repensant amusée à l’anecdote de ce lama qui avait pris le tramway à Bordeaux: Oui!
L’orthophoniste: On n’entend plus parler de lui d’ailleurs.
Moi, comprenant, déçue: Ah, ouais. Paraît qu’il a pris sa retraite.
En fait elle parlait non pas de Serge le lama mais de Serge Lama.
Hauts les coeurs
Je n’ai pas des résultats ultra bons avec mes implants cochléaires. Ça rame pas mal avec la compréhension ces dernières semaines et mon équipe voudrait me faire passer des tests assez rapidement pour comprendre ce qui ne va pas et s’adapter. Elle pense que mon nerf auditif fatigue, m’a expliqué mon ORL.
Il n’y a pas besoin d’être Einstein pour comprendre qu’avoir le nerf auditif qui fatigue c’est mauvais. Pourtant j’ai demandé à mon ORL ce que ça impliquait, d’avoir le nerf auditif qui fatigue.
J’ai eu du mal à ne pas sourire tandis qu’il prenait un certain temps pour réfléchir à sa réponse. En fait, je me suis sentie aussi mesquine que si j’avais demandé à mon oncologue: « Mais docteur, ça implique quoi que j’ai des métastases partout? »
Charlie Chaplin disait: La vie est une tragédie lorsqu’elle est observée en gros plan. Mais c’est une comédie lorsqu’elle est vue de loin.