Cyborgne

Quand on lance une balle à Manille, celle-ci aime bien la faire rebondir sur sa truffe et courir derrière pour la rattraper. On dirait une petite otarie. Ça fait « poc! » c’est très rigolo.

C’est ainsi que dimanche dernier nous avons frôlé de très près la catastrophe. Ma main en visière pour me protéger du soleil, je lançais sa balle à Goui-gou.

Poc!

et de sa truffe la chienne a propulsé dans ma direction la balle de tennis à la vitesse de la lumière.

Ainsi, il s’en est fallu de peu pour que je devienne borgne, car si je n’avais pas eu ma main devant mes yeux à cet instant c’est dans mon oeil gauche (le meilleur, ou le moins pourrave des deux) que j’aurais pris la rafale..

Chat’rgez!

À défaut de parler la Langue des Signes, Eren et moi avons mis en place un code tactile quand je ne porte pas mon processeur. Ainsi, nos 2 quadrupèdes ont chacune leur petit nom tactile.

Pour Manille, Eren me tapote très rapidement le dos de la main. C’est parce que Manille, toujours joyeuse, remue tout le temps la queue. Et quand elle le fait assise ou couchée ça fait « tap-tap-tap » contre le sol.

Pour Stella, Eren me donne un coup de poing. C’est parce que, dans ses moments de démonstrations affectives, Stella nous donne de gros coups de boule.

Il faut savoir que chaque matin la chatte vient me voir et me réclame des câlins, frotte sa tête contre la mienne et ronronne. C’est notre petit rituel du matin, un réveil tout mignon tout en douceur.

Sauf peut-être l’autre matin quand, comme pour me dire « encore! » alors que je me rendormais après l’avoir caressée, Stella m’a chargée en plein dans le nez tel un bélier défonçant une porte.

Les vacances champêtres de Manille Delatuile #10: catastruffe

La veille de leur départ, Manille eut une petite indigestion. En fin d’après-midi, elle vomit courgettes et croquettes sur un petit chemin de terre puis sur la pelouse de Nany.

Le soir il fut décidé qu’elle dormirait dans la salle à manger, au cas où il y aurait un 3e assaut gastrique. Mieux valait dégobiller sur le carrelage de cette pièce que sur le parquet de la chambre. Toutefois, Manille suivie Bibi quand elle alla se coucher et Maman installa son tapis près du lit, comme d’habitude.

« Ne t’en fais pas, je laisse la porte ouverte. Si elle a envie de vomir, elle voudra s’éloigner de là et ira sur le carrelage du couloir. » la rassura Bibi.

Maman tourna les talons. C’est alors que Manille, couchée sur son tapis, tendit le cou.

« Beeeeuuuaaaah! » fit-elle, renvoyant sur le parquet eau et bile qui lui restaient dans l’estomac.

« Râh! Râh! » toussa-t’elle le lendemain, le gosier tout irrité.

Ainsi s’achevèrent les vacances champêtres de Manille Delatuile, et de Bibi. Papa vint les chercher en voiture et ils rentrèrent sur Paris dans un concerto de râclements de gorge cannins. Maman quant à elle resta auprès de Nany. Après le départ de Manille et Bibi, elle alla à la poste et en rentrant elle roula sur un clou.

Quelle tuile.

Les vacances champêtres de Manille Delatuile #8: le gros fauteuil

C’était la deuxième fois que Manille venait passer quelques jours de vacances ici. La première fois, c’était lors de la Toussaint 2019. Elle avait ainsi fait la connaissance de Papy et Nany.

Papy, qui passait la plupart de son temps dans le gros fauteuil du salon, était ravi de voir cette petite labrador toute noire. Elle venait se coucher à ses pieds ou lui apporter son jouet.

« Hop! » criait Papy, redressé sur son gros fauteuil, en lui lançant le jouet dans le salon.

« Papy! Arrête de crier! », « Ne crie pas Jean! » râlaient Maman et Nany.

Et Papy continuait de lancer le jouet en criant « Hop! » malgré tout. Cela ammusait beaucoup Bibi.

Alors forcément, de voir Manille couchée près du gros fauteuil désormais vide, Bibi eut le coeur un peu serré. Mais quel beau souvenir.

Les vacances champêtres de Manille Delatuile #7: au régime…

La vétérinaire avait préconisé de baisser la ration de croquettes de Manille le temps de sa guérison afin qu’elle ne prenne pas plus de poids. Elle avait suggéré de lui donner de la courgette, peu calorique, pour qu’elle n’ait pas faim.

Manille était enchantée d’avoir de la courgette cuite. Servies dans deux gamelles au moment de ses repas, elle s’attaquait d’abord à la moitié dees croquettes, puis elle engloutissait ses courgettes avant de finir les croquettes. Quel régal, cela valait bien le coût de se faire une entorse dès le premier jour!

Néanmoins, le gras labrador était interdit d’« à-côté ». Si Bibi avait un coeur de pierre et ne cédait pas aux supplications de Manille, Maman quant à elle avait bien du mal à résister aux grands yeux papillonnans de labrador triste qui lui étaient servis.

« Oh! On peut pas lui donner une petite croûte de fromage? » tenta un soir Maman.

« Non, elle est au régime. Moi je lui fais lécher mes doigts, comme ça elle est contente » répondit Bibi, inflexible.

« Oh c’est cruel! » s’indigna Maman.

« bon d’accord, mais un tout petit morceau alors » céda Bibi.

Un peu plus tard au cours du repas, Maman trouva de bonnes raisons pour avoir donné de la croûte de fromage à Manille.

« Si elle ne s’était pas blessée en arrivant, tu serais repartie en train demain et vos vacances n’auraient pas été prolongées de deux jours. Elle méritait bien de la croûte de frmage! » plaida-t’elle.

« Une miette de croûte de fromage. » dit Bibi.

« Ouuuuiii. » répondit Maman.

Puis elle tourna la tête vers Manille.

« Une grosse croûte… » souffla-t’elle, pensant que cet aveu tomberait dans l’oreille de la sourde.

Dommage pour elle, même si Bibi avait les Portugaises ensablées elle avait parfaitement entendu. Méfiez-vous donc des implantés cochléaires, on ne sait jamais vraiment ce qu’ils entendent…

Je vous invite à liker cet article si vous ne connaissiez pas l’expression « avoir les Portugaises ensablées ».

Les vacances champêtres de Manille Delatuile #6: « la solitudine fra noi »

En journée, le tapis de Manille trônait dans la salle à manger. Chaque soir, Bibi le ramenait dans sa chambre pour que Manille dorme avec elle. Cette habitude avait été prise lors de sa première visite avec sa chienne en octobre 2019, pour ne pas risquer que Manille se mette dans les jambes de Papy et ne le fasse tomber s’il se levait la nuit. Et puis, c’était plus rassurant pour Manille de rester avec sa Bibi dans cette maison qu’elle ne connaissait pas.

Le deuxième soir de leurs vacances pourtant, Manille était si fatiguée qu’elle semblait déjà ronfler dans la salle à manger. Bibi l’appela mais elle ne se leva pas.

Bibi alla dans sa chambre. Elle ferma puis rouvrit la porte plusieurs fois, mais la chienne ne vint pas.

Puis Nany et Maman allèrent se coucher à leur tour.

Bibi bricolait sur sa plage braille quand elle repensa à son Goui-Goui. Elle décida d’ouvrir sa porte une nouvelle fois. Manille attendait derrière la porte, et vu comment le carrelage était tiède à cet endroit-là cela faisait un petit moment.

Bibi alla chercher le tapis dans la salle à manger, et Manille pu passer une bonme nuit auprès de sa Bibi.

Les vacances champêtres de Manille Delatuile #2: la carotte

Manille était donc interdite de jeux pour que son genou blessé se rétablisse. Mais Manille avait reçu une dose d’anti-douleur et avait bien plus d’un tour dans son sac.

Rusée, elle flaira les alentours et découvrit un passage dans la haie qui menait au potager des voisins. Elle y déroba ainsi une belle carotte et l’apporta fièrement à Maman pour qu’elle lui lance.

Les voisins avaient assisté à la scène. « Si votre fichu clebs revient dans mon jardin, j’en fais une descente de lit! » ne lançèrent-ils pas, cette phrase ayant été prononcée quelques semaines auparavant par l’orthophoniste de Bibi durant un exercice de rééducation.

Bibi portait une fois de plus ce satané t-shirt « Ma vie n’est pas parfaite mais c’est pas grave j’ai mon chien » (celui avec sa trombine et celle de Manille dessus) et se sentit bien couillon quand elle dû leur rendre la carotte par-dessus la haie.

Manille, toujours dans l’attente qu’on lui lance le légume, s’assit devant le buisson et fit des clins d’oeil aux voisins.

Les vacances champêtres de Manille Delatuile #1: l’arrivée

Ces vacances à la campagne s’annonçaient pourtant bien pour Manille: un jardin pour elle toute seule, des promenades dans les champs, des servantes à sa disposition pour lui lancer son jouet… Tout aurait été synonyme de « jouer » et « courir » durant ce séjour.

Le voyage en voiture fut long, 3h environ, et sitôt arrivée Maman décida de jouer avec Manille dans le jardin. Elle lui lança donc son jouet, encore et encore, sous le regard émerveillé de Nany (la grand-mère de Bibi). Tout commençait si bien. Et puis…

« KAÏ! » couina Manille en bondissant, avec la grace aérienne de la sauterelle, pour attraper son jouet.

La vétérinaire fut appelée d’urgence en ce radieux DIMANCHE 1 MAI. Après avoir soigné son précédent patient, un cheval, elle vint au chevet de la pauvre Manille.

« Elle bouge! Elle marche! » s’écria Nany. La chienne, prostée et immobile sur le carrelage depuis le terrible accident, avait miraculeusement trouvé la force de se lever pour acceuillir les invités.

La vétérinaire et son assistant examinère le canidé et le diagnostic tomba: entorse au genou causé par son embompoint. Programme pour sept jours: à la diète, anti-douleur, pas de course ni de jeux, exercices kinésithérapeutiques (pétrissage de la graisse dorsale et flexions de la queue pour désenkyloser tout ça), repos.

Ainsi Goui-Goui explosa tous les records en se blessant à peine 5 minutes après son arrivée chez Nany, réduisant à néant toutes les belles promesses de ces vacances par la même occasion.

Mais comment allait donc se passer le séjour de cette pauvre petite pintade malheureuse?

Manille forever

Ce matin, la séance de rééducation avec mon orthophoniste était dans la cafétéria de l’hôpital. Nous avons quitté son bureau, traversé plusieurs couloirs, emprunté un ascenseur, fait la queue pour nous prendre un chocolat chaud. Bref nous avons fait une petite balade et croisé plein de monde. Manille était là pour me guider et a très bien travaillé.

De retour au service ORL, nous croisons mon chirurgien.

« J’adore votre t-shirt! » m’a-t’il dit.

Et là j’ai réalisé que j’avais choisi de porter, pile ce jour-là, mon fameux t-shirt avec le slogan: « ma vie n’est pas parfaite, mais c’est pas grave j’ai mon chien », illustré d’un dessin de Manille et de moi avec nos prénoms écrits juste en-dessous.

Je pense que c’est un coup de maraboutage de Manille, pour se venger du 1er avril où j’avais accroché un petit poisson en papier sur son harnais.