J’adorais Madame Canari même si je pense qu’elle redécouvrait mon existence chaque matin. Cette dame avait un Alzheimer assez avancé. Elle avait une très mauvaise mémoire à court-terme mais elle était calme et n’étais pas en unité protégée. Il me semblait qu’elle souriait toujours. Sa chambre était assez incroyable: pleine d’affiches et de photos sur les murs, un secrétaire en bois vernis, une grosse lampe avec un abat-jour en tissu à franges de fils posée dessus. Sa chambre avait une odeur particulière, quelque chose de réconfortant et d’ancien peut-être. Je l’avais reconnue à l’odeur le deuxième jour (et croyez bien qu’au début c’était pas de la tarte de se repérer avec toutes les chambres des résidents).
C’était l’une des rares résidentes à se déplacer debout et sans canne du coup le midi je lui donnais mon bras et je l’accompagnais à sa table. On avait toujours des petits échanges tous simples mais que j’aimais beaucoup. Un jour elle s’est extasiée parce que je me souvenais qu’elle s’appelait Madame Canari alors que son nom était pas évident à retenir (pour les besoins du blog j’ai modifié le nom des résidents mais son véritable nom était tout sauf compliqué, je m’en souviens encore). J sais pas si elle se souvenait que je l’emmenait ainsi chaque midi mais dès qu’elle me voyait elle dépliait ses jambes croisées et semblait prête à se lever du fauteuil dans lequel elle était assise, le tout avec un grand sourire.
Un jour elle a pris mon bras pour aller à la salle à manger et voici ce que nous nous sommes dit:
– tu es ma guide! a-t’elle déclaré.
– Et vous? ai-je répondu. ´
– Je suis ton programme!
Et j’ai souri.
Et tu as élucidé le sens profond de ce que veut dire être un programme à côté d’une guide ?
J’aimeAimé par 1 personne
Ça pouvait être un itinéraire du fauteuil sur la place du village à la table du réfectoire, ou bien un feuilleton de brèves de Madame Canari haha
Un beau programme moi je dis!
J’aimeJ’aime