Civisme

J’habite une ville de bourges (c’est pas moi qui le dis, c’est le cliché de cette ville) mais en réalité c’est Ploucland. En effet, si madame la maire a envoyé une lettre et un tract politique lors des dernières élections législatives pour dire aux gens de la ville pour qui voter (et surtout pour tenir des propos mensongers envers l’autre candidat et son parti pour qui il ne fallait surtout pas voter), elle ne fait strictement rien pour l’accessibilité de la rue. Ainsi, sur la même semaine j’ai marché dans une crotte de chien, j’ai pris des branchages de haie dans la figure et j’ai été confrontée à des (oui, pas UNE mais DES) voitures garées sur le passage piéton.

Zoom sur ces nuisances citadines façon reportage dramatique Capital ou Zone interdite.

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Commençons par la crotte de chien. La mine. Le caca. La bouse.

Manille défèque au caniveau. Je ne suis pas obligée de ramasser systématiquement. Je reconnais ne pas le faire quand je suis malade/fatiguée, en robe, chargée comme une mule, pressée, bref quand me pencher est dangereux (ha oui et il y a cette fameuse fois où je n’ai pas dégainé le sac à crottes assez vite et ça puait à mort, la crotte avait une portée olfactive de 2 mètres, Manille: « J’avais si mal au ventre! », c’était si infecte qu’on est parties en courant, laissant la crotte dans le caniveau qui a rongé le bitume et décollé la plaque d’immatriculation de la voiture garée devant). Toutefois, j’ai appris à ramasser les déjections de Manille dans un sac à crottes. Même si je ne suis pas obligée de le faire je le fais car c’est un acte citoyen et en plus ça me permets de contrôler la digestion de la chiennes.

Si jamais (et c’est rare) elle n’arrive pas à se retenir et fait en plein milieu du trottoir je ramasse. Pour moi-même: je n’ai pas envie de marcher dans la crotte de mon chien (ça serait incroyablement ridicule); mais aussi pour les autres: les gens ne sont pas responsables du fait que j’ai un chien et n’ont pas à en payer les frais.

En fait c’est du bon sens. Si vous ne pouvez pas vous baisser, très bien, il y a des méthodes. C’est du savoir-vivre. J’ai connu un chien dont l’humain ne ramassait pas et le pâté de maison c’était les chiottes du chien.

En plus quand vous marchez dans la crotte d’un chien (qui n’est pas le vôtre) vous perdez un temps monstrueux à nettoyer votre chaussure ensuite. Ça m’est arrivé un jour en allant chez ma podologue: c’est elle qui s’en est aperçue et elle a passé un bon moment à nettoyer ma chaussure avant de commencer les soins (et à nettoyer le cabinet que j’avais salopé sans m’en rendre compte).

Donc: merde.

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Passons aux branchages de haie mal taillée.

C’est la jungle urbaine ici. Je vis dans une ville d’apprentis sorciers-paysagistes.

Des fois il y a un service d’entretien car c’est un immeuble, mais non. Chaque année c’est pareil: les buissons s’étalent sur le trottoir et il faut se pousser pour les éviter, ou bien c’est une petite branche audacieuse qui dépasse.

Des fois ce sont les haies des maisons qui sont mal taillées. Ce serait à leur propriétaire de se bouger pour les tailler, mais non. Après le jardin à l’anglaise voici la haie à l’anglaise. C’est si artistique!

Des fois ce sont les arbres dans la rue (« Feuilles, râteau! / C’est le chant des municipaux! / Feuilles, râteau! / C’est bientôt l’heure de l’apéro!): là ce serait l’affaire de la mairie, mais non *en me corrigeant je réalise que j’ai écrit « mais non » pour mes trois cas de figure, sachez que je n’ai pas fait exprès*. En ce moment ma ville organise un évènement « Adopte un arbre! ». C’est super d’adopter des arbres mais avant ça serait bien de s’occuper de ceux qui sont déjà plantés.

Alors des fois je prends des branches dans la figure, des fois je dois carrément me pencher pour passer sous une haie (et je rappelle que je ne suis pas bien grande).

C’est probablement très illégal mais maintenant ça m’arrive d’arracher les branches à la main. J’ai fait ça une fois avec un poirier: les branches dégueulaient sour tout le trottoir façon saule pleureur. Il y avait un espace ridicule pour passer mais il fallait se baisser et rentrer le ventre. Autrement dit, avec une poussette, une canne, un cabas, un chien guide: le passage était obstrué. Ça aurait fait une jolie tonnelle à la campagne mais là on était dans la rue et ça faisait juste chier. J’ai arraché (« saccagé » serait le mot juste) ce qui dépassait: branches et fruits. Ce jour-là j’ai fait dans le gâchis alimentaire mais si la personne avait daigné utiliser un sécateur au lieu de se la jouer mère Gothel avec son poirier je n’en serais pas arrivée là. Un peu après on est passés en voiture devant les lieux du crime avec Père. Je lui avait dit que j’avais procédé à un défrichage sauvage et que c’était là. Père a dit: « Oui je sais, y a plein de branches par terre ».

Fichtre, ou plutôt devrais-je dire: friche!

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Terminons pas les voitures.

Souvent elles sont (oui, souvent, soupir intense) garées sur le passage piéton mais parfois elles sont carrément sur tout le trottoir.

Le stationnement de groupe sur le trottoir a lieu en cas de brocante ou de soirée chez Kévin Drannoc. Je rappelle que le trottoir est aux piétons et que c’est CENSÉ être une zone de sécurité. Je râle car je dois descendre sur la chaussée pour marcher et j’ai horreur de ça (je trouve ça hyper dangereux, pour Manille et pour moi aussi) mais ça ne concerne pas que moi: ça concerne aussi une personne avec béquille en fauteuil roulant, avec une poussette, avec un cabas ou même avec rien de tout ça. C’est anxiogène en fait de devoir marcher sur la route parce qu‘il y a une caisse sur le trottoir (parfois une série de caisses donc il faut descendre plusieurs fois ou marcher plusieurs mètres sur la route). Pardon pour la morale mais quand on a la chance d’avoir une voiture et qu’on ne trouve pas de place on se bouge le popotin pour en trouver une, même plus loin, quitte à marcher un peu et on ne crache pas à la gueule des gens qui doivent se déplacer sur le trottoir.

Quand les gens se garent sur le passage piéton, partiellement ou totalement, leurs excuses sont:

– « J’en ai que pour 5 minutes » (moi aussi j’en avais que pour 5 minutes à la base)

– « Je savais pas » (ha oui, et tu l’as eu où ton permis, Ducon?)

– « J’ai une panne » (l’excuse la plus recevable puisqu’en effet la panne de neurone est un fléau)

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Je suis à un pâté de maison de la mairie pourtant (dans le dos de la mairie ceci dit donc madame la maire a probablement le regard tourné vers l’horizon devant elle et pas les caques de Kiki derrière). J’imagine qu’il est plus difficile d’intervenir sur le troisième point (alors qu’il y a bien des horodateurs et des personnes payées pour coller des prunes dans mon quartier). Cela reste du bon sens et du respect, en fait.

Je sais que cet article ne changera rien: il y aura toujours des gens qui ne ramasseront pas les crottes de leur chien, d’autres qui ne tailleront pas leur haie et d’autres qui se gareront n’importe comment. Mais ça m’exaspère.