La Gloire de mon père | Marcel Pagnol | Grasset (2014)

Couverture (ebook) de La Gloire de mon père de Marcel Pagnol.

Retrouvez ici la fiche BookBuddy de La Gloire de mon père.

(Je fais un petit changement dans la présentation: d’abord retrouvez la quatrième de couverture puis mon avis puis une citation.)

Quatrième de couverture

Un petit Marseillais d’il y a un siècle: l’école primaire; le cocon familial; les premières vacances dans les collines, à La Treille; la première chasse avec son père…

La Gloire de mon père, dès sa parution, en 1957, est salué comme marquant l’avènement d’un grand prosateur. Joseph, le père instituteur, Augustine, la timide maman, l’oncle Jules, la tante Rose, le petit frère Paul, deviennent immédiatement aussi popu­laires que Marius, César ou Panisse. Et la scène de la chasse à la bartavelle se transforme immédiatement en dictée d’école primaire… Les souvenirs de Pagnol sont un peu ceux de tous les enfants du monde.

Mon avis

J‘ai été surprise par le nombre de différences entre le film et le livre. Le film est complètement anachronique du bouquin. Il y a des évènements passés sous silence ou révélés lors de Le château de ma mère (la suite du livre et du film). Je me souviens d’une réplique tenue par Marcel dans le deuxième film et en réalité c‘est son petit frère Paul qui la tient dans le premier ro/an. Dans le roman La Gloire de mon père il n’y a pas de Lili (il apparaitra lors du deuxième roman), dans le film La Gloire de mon père il n’y a pas de petite soeur (qui n’apparaitra que lors du deuxième film) ni de cousin Pierre (qui n’apparaitra jamais). J’imagine qu’il n’était pas possible de tout caser dans le film et que pour la compréhension de l’histoire il fallait la tronquer un peu, mais quand m2me. Je trouve ça limite un peu choquant, d’autant que le film est pas mal glorifié (ha ha ha). J’ai longtemps cru que c’était Pagnol en personne qui l’avait réalisé sauf qu’en fait il était mort depuis des années quand le film est sorti. Du coup je me demande s’il aurait toléré autant d’écarts.

Vous vous souviendrez peut-être que l’une de mes raisons pour lire du Pagnol était un petit clin d’oeil au blog Un Coup de Foudre et à ses Dimanche avec Marcel. En effet, son auteur se farcit la lecture d’À la recherche du temps perdu de Marcel Proust et je voulais lire un autre Marcel pour voir. Alors, je sais, je sais, c’est stupide de comparer Proust et Pagnol sur la simple base de leur prénom. Après, les deux oeuvres (qui regroupent plusieurs romans chacune, n’est-ce pas) ont en commun de traiter des souvenirs d’enfance de leur auteur. Ben pétard. Naïvement je pensais qu’ils n’étaient pas de la même époque et que Proust était bien plus vieux que Pagnol. Ce n’est pas tout à fait le cas. Pagnol est né en 1895 et Proust 24 ans avant lui. Donc bon. Après, Proust est né à Paris et Pagnol près de Marseille. Pagnol venait d’un milieu plutôt modeste tandis que Proust appartenait à la bourgeoisie. Le style de Pagnol est très léger, aérien, drôle et sans prise de tête. Le style de Proust, heu… ben c’est peut-être une figure de la littérature française mais les extrait que je lis sur Dimanche avec Marcel me courent sur le haricot (le type est pédant, à un moment il faut être honnête).


J’ai beaucoup aimé ma lecture. C’était drôle et agréable.

Je suis « contente » de ne pas avoir lu ce roman quand j’était petite car il y a des passages que je n’aurais pas compris. Pagnol est parfois ironique voire sarcastique face à ses actions de petit garçon et c’est écrit entre les lignes.

Je recommande ce roman qui est un classique mais tout à fait accessible à la compréhension. Le style était fluide, non je veux dire la plume, ha je sais pas, mais comme diraient les bookstagrameuses: voilà. Il a beau avoir été écrit à la fin des années 60 et raconter des souvenirs de la fin des années 1890/début 1900, ce n’est pas indigeste du tout. J’étais plongée dans une autre époque mais avec le confort de la langue actuelle (est-ce français de dire ça?). Il y avait quelques termes ou expressions qui m’étaient inconnus mais ce n’était pas gênant pour comprendre (et au pire j’ai cherché sur Google).

Petit avertissement: non, on n’est vraiment pas sur un ouvrage vegan. Outre le fait qu’une bonne partie est dédiée à la chasse, il y a tout un passage durant lequel Marcel et son frère de 6 ans réalisent des « études des moeurs des insectes » comme mettre le feu à une fourmilière, organiser un combat entre deux mantes religieuses puis entre une mante religieuse et des fourmis afin de voir qui va gagner (moi je sais). En réalité, il y a plusieurs passages où lui et son frère font preuve d’une grande cruauté envers les animaux. Mais il s’agirait de mettre de l’eau dans son vin et de remettre les choses dans leur contexte: ces faits se sont produits il ya plus d’un siècle, ces enfants n’avaient pas TikTok. En plus ses attentes enfantines sont toujours déçues et ça a quelque chose de mignon (moi j’ai trouvé ça mignon qu’il croit que la reine des fourmis allait exploser bruyamment dans la fourmilière en feu).

Bref, un roman un peu documentaire très sympa à lire qui parle d’une autre époque, de valeurs, de vacances, d’espoirs, le tout avec un regard enfantin très tendre.

citatioN

« Ce diagnostic fut bientôt confirmé par une conversation dont je surpris quelques bribes, entre ma mère et Mlle Guimard. 

Pendant que le boucher découpait un beau beefsteak de quatre sous dans la « pièce noire », elle dit avec inquiétude : 

« Les enfants de vieux, c’est toujours délicat…

– Rose n’a que vingt-huit ans ! protesta ma mère. 

– Pour un premier enfant, c’est déjà beaucoup. Et n’oubliez pas que son mari en a quarante ! 

– Trente-neuf, dit ma mère. 

– Vingt-huit et trente-neuf font soixante-sept ! » dit Mlle Guimard. 

Et elle hochait la tête, pensive et maléfique… 

(…) 

Une grande inquiétude me tourmentait. Nous allions voir un enfant de vieux : Mlle Guimard l’avait dit ; mais elle n’avait rien précisé, sauf qu’il aurait soixante-huit ans. J’imaginai qu’il serait tout rabougri, et qu’il aurait sans doute des cheveux blancs, avec une barbe blanche comme celle de mon grand-père – plus petite évidemment, et plus fine – une barbe de bébé. Ça ne serait pas beau. Mais il allait peut-être parler tout de suite, et nous dire d’où il venait ! Ça, ce serait intéressant. 

Je fus tout à fait déçu. »

3 commentaires

  1. Avatar de Justin Busch Justin Busch dit :

    Très intéressant ! Je sais que l’un de ces quatre, il me faudra essayer Pagnol pour moi-même. C’est rafraîchissant de savoir que son langage est plus accessible que celui de Proust, qui reste un casse-tête à chaque fois.

    Et bien sûr, merci du clin d’œil !

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    1. Avatar de Billie Billie dit :

      Vraiment je vous le recommande en français. Là je suis en train de lire un livre sorti il y a quelques années, il est drôle mais j’avoue que le style me fait pleurer car c’est bien moins fluide et il faut que je me concentre (voire que je relise une phrase parfois) pour comprendre.

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  2. Avatar de Sol. V. Sol. V. dit :

    J’adore l’extrait sur l’enfant de vieux ahah

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