Autonomie et aide

Gary m’a plus ou moins récemment partagé l’extrait d’un article sur l’autonomie. Cet extrait disait grosso modo que l’autonomie ce n’est pas de tout faire soi-même mais de demander de l’aide à certains moments et être décisionnaire pour ça.

Je crois en avoir un peu parlé dans Assistanner: il y a une différence entre proposer son aide et s’imposer. L’assistannage ce n’est pas altruiste du tout, c‘est dirigé vers soi-même.

J’apprends à déléguer et ce n’est pas facile. Je pense que de base je suis un peu une tête de con qui veut absolument tout faire par elle-même. Sauf que des fois c’est épuisant voire pas productif du tout. Donc j’apprends à mettre ma fierté de côté et à demander un coup de main, MÊME SI ça n’a rien de honteux de demander de l’aide. En fait, Père m’a fait remarquer que des fois ça lui arrive de demander un coup de main quand il ne peut pas faire quelque chose, mais souvent c’est une démarche un peu difficile.

Si vous ne voyez pas de quoi je parle: si vous vivez assez longtemps, vous verrez très probablement les gens s’adresser à vous comme si vous étiez un enfant de 5 ans. Ça, je l’ai vu dans l’EHPAD où je travaillais. Était-ce une façon pour ces gens de se protéger et de relativiser leur propre vieillissement? Je ne sais pas et très franchement ça m’énerve *excusez-moi mais on dirait que Bibi a écrit entre les lignes: « je ne sais pas et très franchement j’en ai rien à foutre »*.. D’un coup, la personne est réduite à un être inférieur sous prétexte qu’elle est vieille.

Alors bon, pour en revenir à ma petite personne, des fois je peux faire les choses mais ça va me demander plus de temps et d’énergie qu’à une autre personne. Dans ces moments-là, il peut être intéressant de demander de l’aide.

J’ai eu du mal à lâcher certaines choses (je me souviens notamment d’une prise de bec avec Père car je refusais qu’il m’aide à trier mes papiers; bah oui qu’est-ce qu’il croyait lui aussi, je pouvais très bien le faire seule en scannant un à un mes dix tonnes de papelards pour savoir de quoi ça s’agissait). Et je n’ai pas l’impression que ça soit très acceptable de demander de l’aide. Enfin, j’ai souvent entendu des jugements de valeur du type: « Toi c’est bien, t’essayes de faire par toi-même ». Si vous pensez ça, très bien, mais ne le formulez pas trop fort je vous prie.

À y réfléchir, j’ai commencé à être autonome plurielle quand j’ai débuté la pédicurie. Ça, c’est un soin auquel beaucoup d’aveugles ont recours. J’en ai parlé il y a longtemps, au début je me coupais les ongles de pied à l’aveugle et c’était l’horreur. Des fois je me faisais mal et très souvent je me ratais. Le pire c’était l’été, quand il fallait mettre des sandales et révéler à tout le monde que j’avais des ongles de iep de troll des montagnes. Aujourd’hui, je suis contente d’avoir « une bonne excuse » pour faire de la pédicurie. Mentalement, ça fait autant de bien que d’aller dans un salon de coiffure.

Depuis quelques semaines, c’est Père qui m’aide à faire certaines choses. Par exemple, on a trouvé une organisation pour qu’il récupère mes colis: j’ai eu ÉNORMÉMENT de mal à lâcher ça alors que pour être honnête c’était très stressant d’être livrée à domicile, entre la communication et la sonnette à gérer (je peux entendre la sonnette avec mes implants cochléaires à condition de rester immobile et concentrée; quant à la communication, ben je rappelle que je confonds « oui » et « non »).

Cet été je n’ai même pas vu le livreur que j’attendais sur le seuil de ma porte: il s’est contenté de déposer le colis devant moi puis il est parti sans demander son reste (avant de crier à la méchanceté du monsieur, rappelons que sur plusieurs points « livreur » et un métier pourri et en plus celui-ci avait dû monter mon colis de 15 kg au 2e étage sans ascenseur).. J’ai su qu’il était « là » car ça s’est mis à sentir le tabac mais je n’ai rien compris à la situation. J’ai balayé des bras dans le vide puis j’ai trébuché sur mon colis.

Et je ne ferais aucun commentaire sur le lien pour suivre la livraison, qui est toujours d’une accessibilité remarquable (ou celui pour en reprogrammer une, d’ailleurs).

Bref, même si j’était très attachée à réceptionner mes colis, j’ai délégué. Ça n’empêche que c’est toujours moi qui passe les commandes. Avant de me dire que je suis une fille tyrannique, sachez que seule la livraison La Fourche se fait à domicile mais c’est sur créneau et on s’est fixé un jour précis avec Père; sinon tout est livré dans des points relais où Père passe à un moment et je n’ai pas à m’en soucier).

Il y a aussi certains achats qui ont été effectués à ma demande par Père mais je l’ai remboursé par la suite. Ce sont des petites choses comme ça.

2 commentaires

  1. Avatar de Justin Busch Justin Busch dit :

    À propos des livreurs, pour autant que je sois d’accord avec le mème qui disait « L’entreprise spécialisée dans la distribution d’avis de passage va se diversifier en livrant les colis qui lui sont confiés », je comprends que c’est dur, et je n’aimerais pas échanger de place avec eux. Il y a des ascenseurs dans mon immeuble, mais quand on doit pousser un chariot avec 60 kg ou plus de colis ici et là, j’imagine que ça reste bien fatigant.

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    1. Avatar de Billie Billie dit :

      Je trouve ce mème marrant! En fait, j’essaye de rester un peu indulgente avec les livreurs (même si on m’a déjà fait le coup de « ohlala il est passé et vous n’étiez pas là » alors q1e je n’avais pas quitté mon salon).

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