Brailler

Aujourd’hui, c’est la date du début de mon apprentissage du braille. J’ai ouvert ma méthode de braille le 8 décembre 2020 et l’ai refermée le 31 décembre de la même année.

Ça fait toujours son petit effet quand je dis que j’ai appris le braille en trois semaines. En réalité, ça n’a rien de glorieux: devenue « trop sourde » pour utiliser ma synthèse vocale ou écouter des vidéos/de la musique, je n’avais un peu rien d’autre à faire de mes journée (elles étaient longues et à 21h30 j’étais au lit à me tourner les pouces). Je m’étais fixé un nombre de pages par jour. Apprendre le braille, c’était « facile », c’était juste le passage d’un code visuel à un code tactile. La vérité c’est qu’après avoir appris l’alphabet (en trois semaines), il m’a fallu m’entraîner chaque jour pour arriver à lire plus vite et à me localiser sur une feuille. Mais, ça valait le coup.

Aujourd’hui, je suis du matin au soir collée à ma plage braille, et le braille papier c’est chouette aussi. Je râle beaucoup de devoir faire des étiquettes braille sur les produits que j’achète: c’est, en effet, pénible, mais parce que ça pourrait et ça devrait être déjà présent sur l’emballage. Autrement, ça me simplifie bien la vie d’avoir du braille sur ces produits. Tout est identifié de suite, c’est rapide.

Bref, je sais que ça fait peur et on peut repousser le fait d’apprendre le braille.. Moi, ça me « dégoutait » un peu car ça me chatouillait le doigt quand je touchais (sans comprendre) du braille, et on m’avait dit que c’était impossible d’apprendre en étant adulte (discours d’un voyant non-braillitte qui maîtrisait visiblement très bien le sujet). En France, très peu de personnes devenues aveugles ou malvoyantes lisent le braille, justement car elles le sont devenues quand elles étaient déjà adultes, et la chose n’apparaissait pas comme nécessaire étant donné qu’il y a la synthèse vocale.

J’ai été dépossédée de l’écriture quand je n’était pas brailliste. J’ai utilisé uniquement la synthèse vocale durant plus de trois ans, et mon orthographe a morflé. Je pensais qu’en écrivant régulièrement je la « maintiendrais », sauf que non, et en plus, difficile de la maintenir quand on n’a plus accès à la forme du mot (autre que sonore).

Je ne vous fais donc pas la morale si vous repoussez l’apprentissage du braille. Je sais que ce n’est pas facile d se lancer. Mais, je reste fermement convaincue que, non, ce système n’est pas obsolète, il et très utile. Je vous encourage de tout mon coeur à vous y mettre.

Pour rappel, il existe des cours mais on peu aussi apprendre dans son coin avec une méthode (c’était mon cas, j’ai appris grâce à une méthode qui s’appelle Du noir au braille).

2 commentaires

  1. Avatar de Justin Busch Justin Busch dit :

    Vous savez déjà que j’ai chanté les louanges du code Braille dans mon manuscrit. Mais m’apprêter à l’apprendre, c’est autre chose, car je perds depuis des années la sensation dans mes doigts (merci le diabète). Ça dit, je comprends bien votre sens de l’avoir vite appris car il n’y avait rien d’autre à faire — c’était exactement mon expérience d’apprendre le français pendant le Confinement ! Que ce soit facile ou pas, je reste reconnaissant que vous l’avez maîtrisé, car vous êtes une voix singulière, et j’attends toujours avec impatience les dernières mises à jour !

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  2. Avatar de Anagrys Anagrys dit :

    Mon grand-père a perdu la vue progressivement, quand il avait plus de 50 ans. À son époque, la synthèse vocale n’existait pas (il est décédé en 1988), il n’a cependant jamais appris le braille. Grand lecteur devant l’éternel, il s’était abonné à un service de livres audio (qui, pour le coup, existaient à l’époque), ses seules difficultés auditives venant de l’âge…
    Votre situation est bien différente de la sienne, je crois que chez vous le braille était une nécessité.

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