Les maths et moi

La « blague », c’est que je n’aime pas les maths. Je fais souvent ma nunuche nulle en maths alors que le problème (et ici, le mot n’a rien de matheux) est bien plus complexe que ça.

Voici mon historique scolaire:

  • En 6e, j’étais en PPRE maths: mon collège faisait des groupes d’élèves en difficulté sur certaines matières, et, si je me souviens bien, c’était 1h par semaine de soutien scolaire. J’avais horreur de ça. Ça tombait toujours au moment de la pause-déjeuner. J’aurais aimé avoir 2h de libres le midi, plutôt qu’avoir 1h pour aller à la cantoche puis 1h pour Pythagore.
  • En 4e, ma prof de maths a dit qu’elle suspectait une dyscalculie chez moi. Je n’ai pas compris ce que ça insinuait et j’ai préféré nier en bloc plutôt que de me faire diagnostiquer.
  • À la fin de la 3e, quand j’ai appris qu’en 2de il y aurait des maths, j’ai pleuré.
  • En 2de, je ne faisais plus aucun effort. Je n’apprenais plus mes cours et ne cherchais plus à comprendre (de toute façon, je savais que l’année d’après j’irais en série littéraire et que je n’aurais pas maths en option). Je me tapais des 0,5/20 aux Devoirs Sur Table, parce que je dessinais juste le triangle du premier exercice, puis je passais les heures restantes à me tourner les pouces. Mais, je gonflais ma moyenne en copiant les Devoirs Maison d’une copine où j’avais 16/20: 3/20 de moyenne, c’était le feu! En même temps, cette andouille de prof nous avait fait acheter une calculette à 80e, calculette qui me serait inutile l’année suivante, donc merci monsieur (c’était une grosse calculette dans laquelle on pouvait enregistrer des formules, le genre de calculette sur laquelle il y a des lettres parmi les touches donc on s’écrivait des petits mots avec une amie dyscalculique).
  • J’aurais dû avoir la mention Très Bien au Brevet des collèges: toutes mes moyennes étaient excellentes, sauf celle en maths. Celle-ci a flingué ma moyenne générale et j’ai eu une mention Assez Bien. J’ai aussi pleuré.

On dit souvent que les statistiques, ce ne sont pas des maths. Oui, mais ça reste des chiffres. En licence de psychologie, j’avais un cours de statistiques par an. Aux partiels de l1 et de l2, à chaque fois, j’ai eu 16/20. J’étais très fière. La vérité c’est que je ne sais pas comment j’avais fait mon compte: je me revois au moment de la relecture de ma copie, refaire tous mes calculs et ne plus savoir si mes formules étaient correctes. En L3, comme j’étais devenue malvoyante, j’ai passé mon partiel avec quelqu’un: il me lisait les consignes et je donnais les formules. J’ai eu 19/20 (c’est assez incroyable quand j’y pense). Le cours de statistiques que j’avais choisi en L3 était sur les trucs (?) multi-factoriels. On étudiait les nuages de points, il fallait que ça ressemble à un ballon de rugby et non à un ballon de foot (voilà, c’est tout ce que j’ai retenu de ma leçon).

À 28 ans, je suis toujours obligée de compter sur mes doigts et je suis incapable de faire un calcul mental. Ce n’est pas le pire.

J’ai récemment réalisé les répercussions sur mon quotidien. Pour mes carences, j’ai quatre médicaments à prendre, tous sur des durées différentes, avec des moments de prise parfois espacés de plusieurs semaines. Je ne vous raconte pas le bordel que ça a été pour entrer le tout dans mon agenda. Ça m’a pris 2h. J’ai aussi eu cinq virements à faire. 40e par personne, Gary devait ensuite me rembourser la totalité de la somme. En en reparlant, Gary m’a dit: « C’est 200e, c’est ça? ». J’ai lu « v0 », donc j’ai dit que c’était 40×5, en croyant qu’elle me disait 20×5.

Récemment, Père m’a communiqué une grosse somme à régler: il l’a écrite en chiffres puis en lettres. Avoir la version lettres m’a aidée à comprendre la somme. Je peux lire en chiffres, mais c’est vrai que je dois réfléchir à ce qu’est le nombre (le pire, c’est quand il y a plusieurs chiffres à la suite).

Je n’avais pas de difficulté à lire visuellement l’heure sur une horloge. J’étais et je suis toujours à l’heure, voire en avance (je connais une fille qui est arrivée 5 minutes en retard à un partiel, à cause de sa dyscalculie). Je suis par contre parfois obligée de compter les vibrations de ma montre Meteor (j’ai toujours un peu de mal à savoir que 5+3 c’est 8 et 5+4 c’est 9). J’arrive aussi à utiliser ma balance et à peser les choses, mais il ne faut pas trop m’en demander non plus (du type fractionner).

Père a un trouble non-diagnostiqué de la lecture et de l’écriture. Il ne me lisait jamais d’histoire quand j’étais enfant, il les inventait (notamment celle de la petite crevette qui avait mal au ventre). Il dicte pour écrire ses messages. Il fait partie des personnes de mon lectorat qui ont de la difficulté à lire et pour qui j’essaye de penser la forme de mes articles. Est-ce que son trouble et le mien sont liés? Mystère.

Ça m’est arrivé de dire, en rigolant, que j’avais une atrophie profonde du cortex matheux. Je prends la chose avec dérision. Mais, ce n’est pas que je suis stupide, que je fais exprès ou que je n’aime pas les maths: je ne les comprends juste pas.

4 commentaires

  1. Avatar de Sol. V. Sol. V. dit :

    Bon du coup je veux connaître l’histoire de la crevette qui avait mal au ventre. Et pour les chiffres tu préfères qu’on te les écrive en lettres, si je comprends bien?

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    1. Avatar de Billie Billie dit :

      Bon alors c’est un peu un spoiler, en fait c’est parce qu’elle était enceinte.
      Pour l’écriture des chiffres, j’ai vraiment réalisé ça récemment. Ça dépend, j’ai l’impression. Je crois que je suis très habituée à lire en chiffres (même si ça me fait tirer la langue). selon le contexte, c’est plus confortable les lettres (je dis ça mais je crois que j’ai écrit les classes du collège/lycée en chiffres, faites ce que je dis et faites pas ce que je fais).

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  2. Avatar de Justin Busch Justin Busch dit :

    Je me dis qu’il est impossible de réussir un 16, peu importe un 19 sur 20 en statistiques sans au moins un peu de compétence en maths.

    Quant au soutien scolaire, en CM2, la prof a découvert que je ne savais pas lire les cadrans des montres, seulement les horloges numériques. Ça m’a valu deux mois de soutien scolaire où j’ai perdu le droit à la récré. C’était NUL.

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    1. Avatar de Billie Billie dit :

      Mes partiels en licence étaient des exploits personnels!
      Ici, il me semble que ça fait partie des apprentissages au CP (pour des enfants de 6 à 7 ans, parfois 5 s’ils sont de fin d’année). Je me souviens que les institutrices utilisaient une espèce de grosse horloge un peu ludique pour ça. Mais j’imagine qu’aujourd’hui, les enfants sont un peu moins habitués à lire l’heure sur horloge.

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