Crêpe party finlandaise un 31 décembre (ça tourne mal)

Cette anecdote date de l’an dernier, mais puisse-t’elle vous aider à relativiser votre absence de Nouvel An.

L’histoire remonte au 31 décembre 2021, Eren et moi sommes en Laponie Finlandaise dans un magnifique village enneigé appelé Inari. Pour le Nouvel An on décide de faire des crêpes. On est content car on sait qu’on a tous les ingrédients: du lait et des oeufs frais au frigo, de la farine dans les placards de l’airbnb.

En fin de journée je m’installe dans la cuisine pour faire la pâte à crêpes. La farine est bizarre: c’est du sucre glace. Eren ressort donc au supermarché au bout de la rue. Sentant la douille arriver je lui dis de prendre aussi des trucs à grignoter et il revient avec la farine, des cacahuètes et des chips. Je prépare donc la pâte à crêpes, mais Eren ne lisant pas le finnois il m’a ramené de la farine de blé complet et la pâte à crêpes est dégueulasse. Tant pis, on mettra la dose de sucre pour camoufler le goût de l’échec. (je suis désolée si vous aimez la farine de blé complet, ce n’est pas notre cas)

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Goui-goui au parc de pluie

« On est des aventuriers! » m’a dit Papa alors que j’étais engoncée dans mon k-way géant, mon bob de pluie qui a fait tomber deux fois mon implant cochléaire sur la tête, le parapluie à la poignée ergonomique qui pèse 10 tonnes dans les mains. On a la classe ou on ne l’a pas. Le plan était de sortir Manille au parc de bon matin, sous la pluie.

J’étais encore un peu malade. J’ai mis 5 minutes à mettre ma chaussure droite, et quand j’eus fini je me suis demandé pourquoi on a deux pieds, bon sang.

On est donc partis au parc, moi agripant le bras de Papa et Papa le parapluie.

« On a oublié Manille! » a t’il dit à mi-chemin du parc.

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Le cauchemar des livreurs

J‘attendais ma livraison de courses La fourche jeudi dernier, j’avais choisi le créneau 17h-19h histoire d’avoir la possibilité de faire une sieste dans l’après-midi sans craindre de ne pas entendre la sonnette. De manière générale même si je l’entends grâce à l’implant cochléaire je suis stressée de ne pas l’entendre et de rater ma livraison.

Il devait être 14h quand, ce jour-là, la sonnette a retenti. Étrange que le livreur soit autant en avance. J’ai décroché mais n’ai rien compris de ce que baragouinait la personne donc j’ai dit « Je suis sourde, je descends, je descends! ». J’ai voulu mettre mes chaussures mais j’avais mis mes chaussettes de ski par-dessus mes chaussettes, parce que c’est la fin de l’abondance et le sol est entièrement carrelé chez moi, le pied ne passait pas la Doc Martens, en temps normal je mets soit mes chaussettes de ski soit mes chaussettes mais visiblement les 2 ensemble ça n’est pas possible, j’ai donc retiré la chaussette de ski du pied gauche mais ma chaussette s’est retirée avec, j’ai pesté et j’ai récupéré la chaussette en boule dans le fond de la chaussette de ski, j’espère que vous suivez, j’ai enfilé ma chaussette puis ma chaussure gauche, je me suis attaquée au pied droit en prenant bien le temps de retenir ma chaussette au moment d’enlever ma chaussette de ski, c’était un peu long, ensuite j’ai mis ma chaussure droite, j’ai fait mes lacets et je me suis mise debout, ça a fait mal j’ai eu un mauvais pressentiment, je me suis baissée pour toucher mes chaussures et « putain mais quelle sombre conne d’abruti d’aveugle je me suis trompée de pied! », je me suis rassise, je me suis rageusement jetée par terre disons-le, j’ai défait mes lacets et rebelote, je ne vous raconte pas ce serait superflu. Je suis sortie, j’ai dévalé les escaliers parce que ça commençait à faire long pour descendre, et j’ai été interpellée par un gars sortant d’un appartement du dessous: en fait c’était lui, il avait pas les clés pour rentrer. À partir de ce moment-là j’en ai déduit que j’étais la préposée à la sonnette, de toute façon mon nom est le 1er sur l’interphone c’est toujours pour moi.

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Mon ostéopathe madame Lapurge

J‘ai repris rendez-vous avec mon ostéopathe. La dernière fois que j’y suis allée c’était pour des douleurs dans le dos liées à une accumulation de tension. 2 ans plus tard je retourne la voir pour un noeud de tensions dans le ventre, boule de colère et de stress qui n’était visible ni à l’échographie ni au scanner. Mon ostéopathe, aussi gentille soit elle, s’appelle Madame Lamurge. J’ai hâte.

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Je me suis trompée de bouton à l’interphone et j’ai sonné chez « Cardiologues ». Deux fois.

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La vieille bique sourde en pyjamas qui voulait écrire une lettre sans qu’on la dérange (j’ai honte de moi)

Fin de matinée, je suis confortablement installée à mon pupitre, encore en pyjamas, en train de rédiger une lettre manuscrite à ma grand-mère quand la sonnette retentit. Je n’attends personne, je suis occupée et pas franchement disposée à ouvrir à un inconnu, en plus si on se comprend pas je vais devoir descendre, donc je fais semblant de ne pas avoir entendu (j’ai une bonne excuse puisque je suis sourde, comme c’est pratique).

Je retourne à ma lettre, j’ai perdu le fil et ne peux pas me relire. J’écris une parenthèse dans laquelle j’explique que j’ai été dérangée et prends une nouvelle feuille pour continuer ma missive. La sonnette retentit une 2de fois, un peu plus pressante. Il faut savoir que sur la façade de mon immeuble il y a un grand panneau « À vendre » (même si l’appartement en question a déjà été vendu) et comme mon nom est le premier sur l’interphone les gens intéressés sonnent toujours chez moi d’abord. Je fais la sourde oreille, je suis en train d’écrire une lettre en pyjamas j’ai pas le temps moi, j’ai un planning chargé.

Pour mettre les feuilles de ma lettre dans le bon ordre dans l’enveloppe, et parce que ça ajoute une petite touche originale, j’ai pris l’habitude d’écrire en braille le numéro de page en haut à droite de chaque feuille. Je mets ma première page dans ma machine à écrire Perkins, je tape « 1 » quand la sonnette retentit pour la 3e fois, par petits à-coups désespérés. Je me dis que bon, là il faut faire un effort quand même et répondre, c’est étrange. Je prends mon courage à deux main et le combiné et je décroche:

« Allô? Allô? »

Je n’entends rien, je me dis que la personne est partie. Dommage pour elle. Sauf que ça sonne aussitôt pour la 4e fois. Je décroche et lance un peu sèche:

« Bonjour, je suis sourde il faut articuler! Vous venez pour l’appartement à vendre? »

« Non, c’est Papa! C’est Papa!»

Il passait juste me déposer un gilet de sécurité fraîchement acquis à Emmaûs. 10 minutes qu’il était en bas. Je suis affreuse.

Chapeau, chat pot de colle

J’ai fait un rêve étrange l’autre jour (un de plus, un de moins). Je repassais le bac avec des élèves de ma promotion. Le directeur du lycée nous avait sucré nos cours d’italien toute l’année par manque de moyen mais avait engagé une joueuse de tambour façon fanfare pour déambuler dans les couloirs pendant les épreuves écrites. Une élève a demandé à la prof chargée de surveiller la salle si elle pouvait avoir de la Ricoré, la prof a répondu qu’il n’y avait que du café. Toute la classe a été profondément choquée par cette réponse. Ensuite Mélenchon est arrivé en faisant la chorégraphie de Gangnam style, on a tous sautillé sur nos chaises en chantant: « Bonjour bonjour, monsieur le Président! Nous sommes heureux de vous voir, c’est l’heure de la récréation! ». Il s’est assis au bureau de la prof surveillante qui entre temps s’était barrée pour que les élèves puissent tricher entre eux (c’était la prof d’italien, donc elle voulait peut-être se venger de ne pas avoir pu assurer ses cours comme tout le monde). Il a demandé à une élève si elle avait été recue à la PCH, il a dit « recue » sans la cédille (et je vous promets, dans mon rêve j’ai pensé: « Ce rêve est vraiment drôle, faudra que j’en fasse un article! ») et « PCH » comme s’il s’agissait d’une grande école et pas d’une prestation compensatoire au handicap. Elle lui a répondu que oui, il lui a demandé pourquoi elle ne se contentait pas de suivre les cours à la télé grâce à sa zapette (c’est vrai, quelle conne aussi). Ensuite il s’est levé et a dit: « Bon j’y vais, soyez présents demain à la même heure! ».

C’est à ce moment-là que je me suis réveillée, un peu troublée voire carrément délirante. J’ai senti une masse contre ma tête. Stella était posée sur mon oreiller, couchée autour de ma tête comme un chapeau maléfique à fourrure.

Je sais pas si c’est moi qui ai un pète au casque ou si Stella a de mystérieux pouvoirs de contrôle onirique, en tout cas ça fait très très peur.

Course contre la montre à Bicêtre

J‘avais rendez-vous à 13h30 au service ORL du Kremlin-Bicêtre. C’était le festival de la tuile ce jour-là puisqu’on a enchaîné travaux avec déviations, camion-poubelle et circulation sur l’autoroute. Mon rendez-vous était dans 5 minutes et on n’était pas encore arrivés.

« On va arriver juste », m’a dit Papa, puis il s’est garé et est allé récupérer du grillage qui traînait sur le trottoir. « Pour que tu puisses ouvrir tes fenêtres avec Stella, c’est parfait c’est pile la bonne taille! ».

À 13h30 on était devant la barrière à l’entrée de l’hôpital. On est rentrés et mon père m’a larguée juste devant le service orino-laryngo-pas-le-temps. J’ai bondi sur Manille pour lui enfiler son harnais et j’ai crié: « Allez Manille!! ». Manille est partie au trot, moi courant derrière avec mes sandales à talon.

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Fuis-moi je te suis

L‘autre nuit, dans la maison de Nany.

Manille ronflait, couchée à côté de mon lit. Je me suis levée en prenant garde de ne pas la réveiller, j’ai ouvert la porte de ma chambre et suis allée aux toilettes juste en face. Puis je suis sortie des toilettes, je suis rentrée dans ma chambre et j’ai fermé la porte derrière moi.

Je suis partie à tâton à la recherche de Manille, histoire de ne pas lui marcher dessus. Elle n’était plus à côté du lit, le parquet était tout chaud et vide.

« Elle a dû se mettre sur son tapis! », j’ai pensé.

Mais Manille n’y était pas non plus.

« Roh quelle dinde », j’ai pensé en comprenant.

J’ai rouvert la porte de ma chambre. Manille était derrière, elle m’avait suivie quand j’étais allée aux toilettes mais je ne m’en étais pas rendue compte. Elle m’a regardé avec des yeux de merlan frit, l’air de ne pas comprendre.

« Bon tu rentres grosse nouille? », j’ai soufflé.

Manille a compris la leçon et depuis elle ne me suis plus la nuit quand je vais aux toilettes, trop peur de passer la nuit à se geler les fesses sur le carrelage.

On a fait une descente à Franprix (en mode kassélagueule)

Avertissement: il se peut que ce titre soit légèrement racoleur voire putaclic. Mes excuses, vous connaissez mon amour pour l’exagération.

Ma mère était venue chez moi pour qu’on fasse un repérage du centre-ville ensemble. On avait profité de cette balade pour racheter des croquettes à Manille chez Monoprix.

On galérait un peu à trouver le fameux sac dans les rayons. Il y avait urgence, notamment car cela faisait 30 minutes que Manille attendait son goûter. La chienne était si désespérée et affamée qu’elle était à deux doigts de se pendre avec sa laisse. « T’es sûre qu’Eren les achète ici? », m’a demandé Maman. J’ai répondu: « Oui, avant il allait au Franprix plus loin mais depuis le jour où leur manager nous a BRUTALISÉ Manille et moi il ne veut plus y aller ». Et elle m’a répondu: « Oh, on peut aller là-bas après! ». Elle est comme ça Maman.

L’histoire remonte à il y a un peu plus d’un an. J’étais allée à Franprix avec Manille et une copine à l’époque. On voulait acheter des gâteaux et du thé pour le goûter (pas celui de Manille cette fois). J’étais rentrée avec mon petit masque fleuri sur le nez et j’avais pris grand soin de m’arrêter à l’entrée pour me passer les mains au gel hydroalcoolique car c’est HYGIÉNIQUE. Je savais où se trouvait le fameux rayon où se trouvait notre bonheur. J’avais dit à Manille: « Allez, devant! », et Manille s’était engagée dans les rayons en mode très professionnelle, comme toujours.

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Huile de coco, ego trip et exploration pour les (très) nuls

J’avais demandé à Eren de m’acheter de l’huile de coco sur Aroma’Zone. Je lui avais donné mon identifiant et mon mot de passe, l’accès à mon ordinateur m’étant encore difficile. Vous vous doutez bien que s’il m’avait acheté de l’huile de coco, il n’y aurait pas cet article.

Je savais qu’il y avait un magasin bio dans mon centre-ville, en face de la poste. C’était mon instructrice en locomotion qui me l’avait dit lors d’un repérage de quartier. Je marchais dans les rues avec ma canne blanche, elle m’apprenait à m’en servir correctement et me décrivait ce qu’il y avait dans les alentours: passages piétons, commerces, cafés… C’était à l’époque lointaine où je n’avais pas encore Manille, alors jeune labrador à la carrière fort prometteuse. Pour être plus précise, ce repérage datait de 2018. Autant dire que non seulement je ne savais plus exactement où était situé le magasin, mais en plus depuis le temps il pouvait très bien avoir disparu. Pour preuve, il y a 3 mois de ça, j’étais rentée dans ce que je croyais être la librairie en face de la Poste. Je n’y avais jamais mis les pieds avant, mais comme pour le magasin bio je savais qu’il y avait une librairie en face de la poste. J’étais rentrée dans la boutique donc, en ayant un gros doute car je n’avais vu aucun livre dans la vitrine: « Heu bonjour, je cherche la librairie mais je crois que je me suis trompée ». Il y avait des gens autour d’une grande table ronde (le cercle des poètes disparus, comme les bouquins et les étagères d’ailleurs). Mon intervention avait provoqué un grand silence. Ou peut-être bien que c’était ma surdité, difficile à dire. Une fille avec un pull marinière avait proposé de m’accompagner. Elle m’avait donné son bras, on avait remonté la rue, puis traversé un passage piéton, puis encore remonté une rue. « Ohlala je ne comprends vraiment pas pourquoi je croyais que c’était là-bas », j’avais dit un peu gênée. Je n’avais pas entendu sa réponse à cause de la circulation. Le soir, Eren m’avait dit: « C’était bien la place de la librairie avant, ils l’ont déplacée lol ». Autant dire que potentiellement le magasin bio avait pu s’être volatilisé lui aussi.

« Il faut que j’aille au magasin bio mais j’ai peur », j’avais dit à Eren. Les lieux inconnus, les gens inconnus, les gens tout court, ça m’angoisse. Ça date de bien avant ma surdité et ma malvoyance, mais disons que ça ne s’arrange pas avec le temps. Eren a répondu: « Je peux y aller si tu veux ». C’était tentant de déléguer cette tâche, mais j’avais envie de me débrouiller. C’était mon défi: aller dans le centre-ville, trouver la boutique bio et acheter mon huile de coco.

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