Acouphènes musicaux

Aujourd’hui nous sommes le 14 juillet. Qui dit 14 juillet dit fête national française, et qui dit fête nationale française dit La Marseillaise. La Marseillaise faisait pleurer mon grand-père quand il l’entendait. Pour moi, elle signe juste le début des emmerdes auditives.

C’était en 2020, à la période où je commençais à perdre l’ouïe. On regardait le foot. C’était le moment où les joueurs chantaient leur hymne. Les joueurs français se sont mis à chanter La Marseillaise. Est arrivé le passage: « …qu’uuun sang impuuur abreuuuve nos sillons! ». Le reste des paroles s’est enchaîné mais je continuais à entendre ce passage dans ma tête. Encore. Encore. Limpide, comme si il passait toujours. J’ai mis ça sur le compte de la fatigue.

Quelques jours plus tard, j’étais devant ma télé quand une certaine pub est passée. Je ne sais plus c’était une pub de quoi mais ils avaient utilisé For Me Formidable de Charles Aznavour en fond. La pub s’est terminée sur: « … viiivreuh dans la langue de Shakespeare! ». Ce passage s’est mis aussitôt à boucler dans ma tête. « … viiivreuh dans la langue de Shakespeare! », « … viiivreuh dans la langue de Shakespeare! », « … viiivreuh dans la langue de Shakespeare! ». Et même plus tard dans la journée, le lendemain ou les jours d’après, par moments il m’arrivait d’entendre dans ma tête: « … viiivreuh dans la langue de Shakespeare! ». Depuis, quand j’écoutais une chanson, elle bouclait parfois dans mon crâne comme ça.

J’ai eu honte de ce symptôme. Je n’en ai pas parlé à l’ORL que je consultais à l’époque. Il n’avait pas l’air de me prendre bien au sérieux quand je lui disais que je commençais à entendre bizarre, je ne me sentais pas de lui parler de mes « hallucinations auditives ». En fait, je n’en ai parlé que très récemment à l’équipe qui me suit à Bicêtre. Apparement ça viendrait du nerf auditif qui commençait à yoyoter et qui perturbait le cerveau, ou un truc du genre. Bon. Par chance je n’ai plus ces acouphènes musicaux (par chance, car je suis aujourd’hui sourde comme un pot n’est-ce pas), mais c’était l’un des symptômes de ma surdité les plus étranges.

Il est quel jour

Aujourd’hui, le 27 juin, c’est la journée mondiale de la surdicécité. Ça tombe le 27 juin car Helen Keller est née ce jour-là. Il y a d’ailleurs un rapport entre le nom de cette grande dame et celui de ce blog. Si ça vous intéresse, un jour peut-être, je vous raconterais l’anecdote derrière Il Est Quelle Heure.

J’aime pas l’été

Aujourd’hui nous voilà officiellement en été, cette saison que j’aime le moins voire que je déteste le plus.

J’aime pas l’été parce qu’il fait chaud, on sue, on suinte et on colle.

J’aime pas l’été parce que c’est difficile et parfois impossible de faire travailler ma chienne guide avec la chaleur. Même la simple sortie pipi devient un vrai casse-tête pour éviter qu’elle se brûle les pattes sur le macadam.

J’aime pas l’été parce que j’évite de m’exposer au soleil alors je bronze pas. Ça me complexe, du coup j’aime me mettre de l’encre sous la peau pour pas qu’on voit comme je suis pâlotte. Ceci dit, après j’évite encore plus de m’exposer au soleil pour ne pas abîmer mes tatouages. C’est peut-être un cercle vicieux. De toute façon j’aime pas l’été si je dois vous le rappeler, donc je vais certainement pas mettre le nez dehors.

J’aime pas l’été parce que c’est supra naze la banlieue parisienne l’été. Pourquoi à votre avis les provinciaux râlent de voir les Parisiens (et les ploucs qui vivent autour de Paris) débouler chez eux? C’est parce que la banlieue parisienne c’est supra naze l’été. CQFD.

J’aime pas l’été parce que je suis photophobe mais comme j’ai des implants cochléaires je peux pas faire tenir de chapeau sur ma tête. du coup pour pas être éblouie quand je sors je dois prendre un parapluie et j’ai l’air tarte.

J’aime pas l’été parce qu’il fait chaud. Je l’ai déjà dit mais avec le réchauffement climatique ça va être pire. Paraît qu’on va se taper des épisodes de canicule plus fréquents, plus longs et plus intenses; pendant que des connards chouinent parce qu’il faudrait interdire leurs déplacements en jet privé et qu’ils ne sont pas prêts à renoncer à leurs privilèges de sales petits égoïstes de (ça y est je suis énervée).

J’aime pas l’été parce que les fruits et légumes d’été sont plus chers et que moi j’aime les fraises et l’argent mais pas les concessions. (je me fais quand maême plaisir en achetant des fraises car les fraises il n’y en a que l’été, ce qui est nul parce que)

J’aime pas l’été parce qu’avec la chaleur la Marne sent très mauvais.

J’aime pas l’été parce qu’il faudrait avoir un summer body et moi je suis en mode winter toute l’année.

Le seul truc que je tolère un peu plus l’été, maintenant que je suis sourde, c’est que je n’entends plus les moustiques voler près de mon oreille la nuit. Ça gratte toujours au matin mais j’imagine que c’est déjà ça.

Hauts les coeurs

Je n’ai pas des résultats ultra bons avec mes implants cochléaires. Ça rame pas mal avec la compréhension ces dernières semaines et mon équipe voudrait me faire passer des tests assez rapidement pour comprendre ce qui ne va pas et s’adapter. Elle pense que mon nerf auditif fatigue, m’a expliqué mon ORL.

Il n’y a pas besoin d’être Einstein pour comprendre qu’avoir le nerf auditif qui fatigue c’est mauvais. Pourtant j’ai demandé à mon ORL ce que ça impliquait, d’avoir le nerf auditif qui fatigue.

J’ai eu du mal à ne pas sourire tandis qu’il prenait un certain temps pour réfléchir à sa réponse. En fait, je me suis sentie aussi mesquine que si j’avais demandé à mon oncologue: « Mais docteur, ça implique quoi que j’ai des métastases partout? »

Charlie Chaplin disait: La vie est une tragédie lorsqu’elle est observée en gros plan. Mais c’est une comédie lorsqu’elle est vue de loin.

Vibrations positives

Hier j’ai réussi pour la 1ère fois à me réveiller seule grâce à mon téléphone. En fait je programme une alarme en veillant à choisir des vibrations fortes, je mets le téléphone en mode avion et le pose sur le matelas ou sous mon polochon. Jusque là j’avais tendance à me réveiller un peu en avance et mon système de réveil vibrant ne servait à rien.

Hier matin j’avais prévu d’aller au marché et mon téléphone était programmé pour « sonner » à 8h15. J’étais en train de rêver que je faisais du shopping et que ça faisait pleurer Manille quand j’ai tout à coup ressenti des petits coups. J’ai ouvert les yeux pensant d’abord que c’était Stella qui était en train de me taper mais non c’était bien mon réveil. Ça marche, youpi.

Rocky Planplan

Demain c’est le jour J, je me fais opérer pour bénéficier d’un second implant cochléaire. Cela m’évoque la scène d’un film. (faites preuve d’indulgence je me base uniquement sur ma mémoire et le visionnage date)

C’est le 1er Rocky. Durant le combat final Rocky se fait un bleu à l’oeil. Ou peut-être aux deux. Je ne sais plus mais un ça fait déjà beaucoup. Son équipe le fait asseoir durant la mi-temps: pour qu’il continue de boxer il faut percer le bleu. Rocky se laisse faire car c’est Rocky quand même mais il geint, il veut pas qu’on lui perce le bleu. Là j’ai un doute car à la fin du film il est salement amoché avec des escalopes sur les yeux mais il me semble qu’on lui perce quand même son coquard. Ça n’a pas d’importance, gardez en tête qu’il geint, Rocky.

« Alors Bibi, prête pour ton intervention chirurgicale demain? »

Et il faut m’imaginer répondre avec la VF de Stalone:

– Naaan!

Rendez-vous nocturnes

Stella je ne cherche jamais à la caresser en journée, c’est pas son truc. Parfois elle vient se frotter contre ma jambe en allant voir son arbre-à-chat, parfois contre ma main que je lui tends, mais bien souvent elle reste à me fixer ou alors s’approche puis finalement non, elle part en courant. C’est Stella.

La nuit par contre j’ai de la visite. Soit elle vient me chatouiller les joues de ses moustaches, soit la demande est plus insistante (CªLIN!!!) et elle se jette de toutes ses forces contre mon nez. En ce moment elle aime bien s’annoncer en marchant sur mon dos, coucou c’est moi j’arrive. Je me retourne pour qu’elle s’installe sur mon buste, je lui présente mes mains et c’est elle qui vient vers moi. Elle aime bien se faire gratouiller les joues, le menton, le haut de la tête (mais pas les oreilles attention), et le reste non c’est pas la peine merci. C’est notre petit moment en ronron et en silence. Des fois elle se relève d’un coup, à l’affût de quelque chose au loin, et elle part sans dire au revoir en utilisant mon ventre comme trampoline. Parfois elle frotte sa tête une dernière fois puis elle part tranquillement, bon j’ai eu ma dose bonne nuit.

C’est le petit rituel de la nuit, le rendez-vous à ne pas manquer car il n’y en aura pas d’autre avant 24h.

Joyeux anniversaire Stella! (même si en vrai tu t’en tamponnes les moustaches)

Aujourd’hui ma Stellina fête son premier anniversaire. Il a bien grandi le chaton arrivé chez nous à même pas 5 mois, avec sa queue toute frêle et ses oreilles de chauve-souris qui avaient l’air bien grandes pour un si petit chat. C’était ma petite crotte de chat (oui je l’appelais comme ça au début) qui découvrait son monde, et nous qui découvrions le monde des chats. Stella l’aventurière qui le dexième soir de son arrivée avait décidé de partir en exploration dans sa nouvelle maison: on avait demandé à Manille d’aller sur son pouf et de rester calme pour ne pas lui faire peur, elle s’était alors transformée en chien de faïence et n’avait pas osé tourner la tête pour regarder le chaton venu lui renifler la queue. Petite Stella qui venait s’allonger sur mon dos, et on faisaait la sieste ensemble. Maintenant elle est grande, indépendante, un peu grincheuse et chipie sur les bords.

Je sais que ça te fait une belle patte, mais joyeux anniversaire mon petit chat de sorcière!

La maison aux trésors

De temps en temps, on se retrouve pour un déjeuner dominical chez mes parents. Il s’écoule parfois plusieurs semaines à plus d’un mois entre ces rendez-vous. Quand je retourne dans la maison de mon enfance la disposition des meubles a changé, il y a de nouveaux objets un peu partout, de nouveaux tableaux aux murs. Ma chambre est devenue une sorte de cabinet de curiosités où se côtoient pêle-mêle de mystérieuses trouvailles dénichées en brocante, chez Emaüs ou je ne sais quels autres endroits encore.

Quand la fatigue me gagne, que ma vue se trouble et que mes oreilles sifflent, j’aime me réfugier dans cet univers insolite. Je pars en exploration dans cette maison qui regorge de surprises et de merveilles. Je laisse courir mes mains sur les étagères, fouille, tâte; découvre quelque chose que je n’avais jamais vu avant, l’examine, le palpe, le sens. C’est un monde nouveau sous mes doigts, et parfois mon nez.

Je ne suis pas perchée, c’est juste qu’autour de moi pousse un peu de magie.

Stella

« Stella » ça veut dire « étoile » en italien. Une chatte noire qui s’appelle étoile ça a un côté un peu mystique, un peu magique je trouve. Ça fait chat de sorcière un peu.

C’est pas nous qui avons choisi son nom, ce sont ses premiers adoptants. L’une des conditions d’Eren pour adopter un chat était qu’il choisisse son nom, mais la chatte ayant déjà 6 mois on a jugé que ce serait plus simple de garder le prénom qu’elle portait déjà.

Puis finalement, Stella ça lui va très bien. Stella ça sonne comme stellaire, ça m’évoque la nuit, la magie, le mystère. Et Stella ça fait un peu princesse aussi. Ça ferait presque reine des sorcières. Ce n’est pas la raison pour laquelle elle a été prénommée ainsi, mais j’ai décidé que cette dernière serait caduc (un peu comme le concept de « dead name », voilà le « dead reason name »).

En lisant l’annonce pour son adoption je n’avais pas pu m’empêcher de penser à La gatta de Gino Paoli, une belle petite chanson un peu mélancolique en italien. J’avais expliqué à Eren: « c’est l’histoire d’un souvenir: le chanteur repense à une maison où il y avait une chatte avec une tache noire sur le museau, elle faisait ses griffes quand il jouait de la guitare, et il y avait une fenêtre qui donnait sur la mer et une petite étoile. Mais aujourd’hui il n’habite plus là, tout est fini… ». « Ok cool » avait répondu Eren, ce que l’on pourrait traduire par: « te vexe pas mais je m’en cogne un brin ».